L'investissement de cinq milliards de dollars de Warren Buffett dans Bank of America, annoncé jeudi, n'est pas la première fois que le "sage d'Omaha" vient à la rescousse d'un géant de Wall Street en difficultés: il avait apporté la même somme à Goldman Sachs en 2008.
L'homme d'affaires de 80 ans donne ainsi peut-être une nouvelle leçon sur la façon dont il a amassé la fortune lui permettant d'être aujourd'hui le troisième homme le plus riche au monde et le héros de nombreux petits investisseurs.
Le 23 septembre 2008, lors des heures les plus sombres de la crise financière, Goldman Sachs avait annoncé l'injection dans son capital de cinq milliards de dollars par la holding de Warren Buffett, Berkshire Hathaway.
Cette opération représentait alors un signe important de confiance envers l'établissement, et le système bancaire dans son ensemble.
Jusqu'à l'intervention du milliardaire, beaucoup craignaient que Goldman Sachs ne disparaisse dans la foulée de Lehman Brothers, qui avait déclaré faillite quelques jours plus tôt, entraînant des réactions en chaîne dans le monde financier.
L'opération s'est révélée aussi très rentable pour Warren Buffett, réputé pour ses coups boursiers reposant sur le principe que les temps difficiles représentent une opportunité pour les investisseurs.
Le milliardaire avait exigé de Goldman un intérêt de 10% par an sur les actions préférentielles qu'il avait alors acquis.
Goldman a remboursé Berkshire Hathaway en mars en rachetant pour au moins 5,5 milliards de dollars de titres. Au total, dividendes compris, Warren Buffett a enregistré un profit de plus de 1,6 milliard de dollars.
Le scénario semble se répéter jeudi: Warren Buffett apporte cinq milliards de dollars à Bank of America, signe de sa confiance en la direction, ce qui rassure les marchés et fait monter l'action, en hausse de 8,23% à 7,57 dollars vers 19H00 GMT à la Bourse de New York.
"Il a réussi une très très bonne affaire", a estimé Gregori Volokhine, stratège boursier à Meeschaert Capital Markets.
Le titre de l'établissement avait perdu jusqu'à la moitié de sa valeur depuis le début de l'année avant son rebond mercredi et jeudi, plombé par les coûts liés aux problèmes hérités des prêts hypothécaires de sa filiale Countrywide et par des doutes sur la solidité du capital de la banque.
"Buffett est le chevalier blanc de BAC", le sigle sous lequel s'échangent les titres à la Bourse de New York, estiment dans une note les analystes de Nomura.
Dans une interview à la chaîne de télévision financière CNBC, le milliardaire a révélé que l'idée d'investir dans l'établissement lui était venu alors qu'il prenait un bain.
Interrogé sur les raisons qui l'avaient poussé à prendre cette décision, il a simplement déclaré que les actions "étaient beaucoup descendues".
En 2008, le milliardaire était aussi venu aux secours de General Electric, le conglomérat symbole de l'industrie américain, en y investissant trois milliards de dollars en titres préférentiels, là aussi avec un confortable intérêt de 10% par an.
M. Buffett, 80 ans, est connu pour son mode de vie frugal et simple, aux antipodes de celui des banquiers de Wall Street. Mais c'est aussi un investisseur avisé capable de voir les plus-values potentielles et de prendre une décision très rapidement.