La Bourse de Paris devrait ouvrir en baisse mardi, pénalisée par les mauvais chiffres de la croissance allemande, et jouer la prudence avant la réunion entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy destinée à améliorer la gouvernance de la zone euro en pleine tourmente.
Le contrat à terme sur le CAC 40 cédait 0,45% une quarantaine de minutes avant l'ouverture de la séance.
Lundi, l'indice parisien a signé sa troisième séance consécutive de hausse, s'adjugeant 0,78%. Wall Street a nettement progressé, dopée par une salve d'annonces de fusions-acquisitions, ce qui lui a permis d'effacer toutes ses pertes de la semaine dernière: le Dow Jones a gagné 1,90% et le Nasdaq 1,88%.
Une mauvaise nouvelle est venue de l'Allemagne où le produit intérieur brut n'a augmenté que de 0,1% au deuxième trimestre par rapport au premier, soit un coup de frein plus brutal que prévu par les marchés.
Tous les regards se tournent maintenant vers la rencontre entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy à partir de 16H00 (14H00 GMT) au Palais de l'Elysée à Paris.
"Les marchés attendent un signe très fort: Y a-t-il un pilote dans l'avion pour gouverner la zone euro ? Va t-on enfin parler d'une même voix au sein du couple franco-allemand et cesser d'entretenir la cacophonie qui perdure depuis de longs mois et affolent les investisseurs ?", résume un analyste parisien sous couvert d'anonymat.
Mais les espoirs pourraient être rapidement douchés.
Berlin a en effet prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des miracles, et surtout pas à ce que les deux premières économies de la zone euro acceptent de mettre en place des euro-obligations, qui seraient financièrement préjudiciables à l'Allemagne.
"Il semble qu'il y ait une attention aiguë portée à ce rendez-vous, et nous pensons que la marge pour une déception est grande", préviennent les analystes de MF Global.
Cette rencontre devrait au final essentiellement porter sur la gouvernance de la zone euro, dans la foulée des décisions prises par les chefs d'Etat et de gouvernement européens fin juillet.
Dans l'espoir de mettre un terme aux attaques des marchés, les dirigeants européens restent très mobilisés sur l'assainissement des finances publiques.
Nicolas Sarkozy va s'entretenir ce mardi avec le Premier ministre François Fillon au sujet des mesures à prendre pour contenir les déficits. Les décisions finales seront prises le mercredi 24 août, après le Conseil des ministres de rentrée.
En Italie, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi s'est dit prêt à "écouter" de "nouvelles idées" pour améliorer le nouveau train de mesures d'austérité drastique déjà adoptées vendredi de 45,5 milliards d'euros sur deux ans.
Craignant que ces cures de rigueur ne tuent la croissance, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a appelé les Etats du monde entier, à faire preuve de discernement.
"Le rééquilibrage budgétaire doit résoudre une équation délicate en n'étant ni trop rapide no trop lent", écrit Mme Lagarde dans une tribune publiée par le Financial Times et intitulée "Ne laissons pas le coup de frein budgétaire bloquer la reprise mondiale".
La séance sera riche en indicateurs macroéconomiques américains. Sont attendus notamment les chiffres de la production industrielle aux Etats-Unis en juillet. Cette dernière s'était reprise en juin après deux mois de baisse.
VALEURS A SUIVRE
LE SECTEUR FINANCIER concentrera une fois de plus toutes les attentions dans le sillage du sommet franco-allemand.
EADS: la compagnie aérienne australienne Qantas va acheter 110 Airbus moyen-courriers A320 dans le cadre du renouvellement de sa flotte, mais reporte de six ans la livraison de six très gros porteurs Airbus A380. La compagnie russe Transaero va pour sa part acquérir 12 Airbus A320.