La Bourse de Paris devrait ouvrir à nouveau en fort recul mardi, poursuivant sa spirale baissière malgré la mobilisation des dirigeants politiques, Barack Obama en tête, qui n'a pas convaincu les investisseurs.
Une quarantaine de minutes avant l'ouverture du marché, le contrat à terme sur le CAC 40 cédait 2,43%.
Lundi, les Bourses mondiales ont dévissé. Paris a vécu une journée noire, signant sa 11e séance consécutive de baisse et cédant 4,68%. Wall Street a connu sa pire séance depuis décembre 2008. Le Dow Jones a abandonné 5,55% pour finir à moins de 11.000 points, pour la première fois depuis dix mois.
La panique s'est installée depuis l'abaissement par l'agence de notation Standard & Poor's de la note américaine, suivie de celle des organismes parapublics de refinancement des prêts immobiliers Fannie Mae et Freddie Mac et de banques, assureurs et investisseurs.
Les nombreux appels au calme des dirigeants politiques n'ont pas réussi à calmer l'incendie.
Le président américain Barack Obama a tenu un discours volontariste depuis la Maison Blanche lundi soir, défendant le statut des Etats-Unis et assurant que l'Amérique mériterait toujours d'être notée "AAA".
"La bonne nouvelle, c'est que les problèmes économiques peuvent être résolus rapidement et que nous savons ce que nous devons faire pour les résoudre", a-t-il assuré, indiquant qu'il ferait ses propres recommandations dans "les prochaines semaines".
Mais ce discours est loin d'avoir rassuré les investisseurs. Mardi matin, les marchés asiatiques étaient tous en très fort repli. Tokyo perdait plus de 4% à la mi-séance et Hong Kong décrochait de 7,24% peu après l'ouverture.
Ce qui inquiète en effet avant tout ce n'est pas tant la dégradation de la note souveraine des Etats-Unis que le ralentissement de l'économie mondiale, commentent les stratégistes de BNP Paribas.
Tous les regards sont désormais tournés vers la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) prévue à 16H00.
"Les investisseurs ont pris l'habitude que la banque centrale soutienne l'économie et les marchés financiers par des mesures exceptionnelles en cas de crise. Son inaction aurait un impact négatif sur les marchés actions", mettent en garde les analystes du courtier Aurel.
Le problème est que la Fed voit sa marge de manoeuvre très limitée par la détérioration des finances publiques américaines.
L'injection de nouvelles liquidités demandée par les investisseurs pour soutenir l'économie sera aussi très difficile à justifier auprès du premier créancier des Etats-Unis, la Chine, et pourrait générer d'importantes tensions diplomatiques avec Pékin.
Un nouveau programme d'assouplissement monétaire ne serait donc pas la solution, d'autant que le dernier est loin d'avoir prouvé son efficacité sur les derniers mois.
La seule possibilité serait "des opérations d'injection de liquidité, sur des périodes courtes pour soutenir le système bancaire, sans remettre en cause le statu quo sur la politique monétaire actuelle", selon Aurel.
La cacophonie qui perdure en zone euro reste aussi une source de tension très importante.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn ont récemment appelé à "réévaluer" le montant fonds européen de secours (FESF), tout comme le ministre français de l'Economie et des Finances François Baroin.
Mais les Pays-Bas ont mis en garde contre une telle opération qui pourrait avoir "des conséquences sur la solvabilité des Etats membres qui se portent garants".
Créé en 2010 pour venir en aide à l'Irlande puis au Portugal, le FESF est actuellement doté de 750 milliards d'euros, avec une capacité effective de prêts de 440 milliards d'euros.