La Bourse de Paris a terminé sur une lourde chute lundi, à l'image de l'ensemble des places financières mondiales, laminée par la perte du triple A des Etats-Unis et malgré les interventions des dirigeants politiques et économiques pour apaiser les marchés.
Le CAC 40 a lâché 4,68%, soit 153,37 points à 3.125,19 points, dans un volume d'échanges très fourni de 5,939 milliards d'euros, signant sa onzième séance de baisse consécutive, un nouveau record historique.
Sur ces onze séances, il a perdu 18,67%, pour finir lundi au plus bas depuis le 14 juillet 2009 (3.081,87 points). Il évoluait encore au-dessus de 4.000 points début juillet.
Parmi les autres places européennes, Francfort a perdu 5,02%, Londres 3,39% et l'Eurostoxx 50 3,23%.
"Les investisseurs ont de plus en plus l'impression que l'on va au-delà de la crise financière vers un risque systémique et cela auto-entretient le vent de panique qui souffle sur les marchés", résume Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse.
"Depuis quelques jours, on est dans un scénario de découragement", ajoute-t-il.
Après un début de séance volatil, qui l'a même vu esquisser un rebond (+1%), le marché parisien n'a cessé de dégringoler tout l'après-midi dans le sillage de la forte baisse de Wall Street.
Les marchés financiers ont accusé le coup après la décision de l'agence d'évaluation financière Standard & Poor's (S&P) de reléguer la note des Etats-Unis à AA+ avec une perspective négative.
"La dégradation de la note souveraine des Etats-Unis par S&P vendredi soir va pénaliser les marchés financiers ce jour (lundi, ndlr), et plus largement cette semaine, avec un arbitrage encore plus marqué vers les actifs considérés comme refuge", résument les stratégistes du Crédit Mutuel-CIC Securities.
Cette décision alimente les craintes d'une crise de l'économie mondiale, alors que les Etats-Unis et l'Europe font face à un endettement colossal et à un ralentissement de la croissance.
Pour M. Murail, cela aurait même pu être pire étant donné que la dégradation "était en partie déjà intégrée dans la baisse des cours depuis 15 jours".
En outre, logiquement, la notation des organismes parapublics Fannie Mae et Freddie Mac par Standard and Poor's a rappelé "de très mauvais souvenirs à l'origine de la crise des subprimes de 2008".
Les marchés ont chuté malgré la mobilisation des dirigeants du monde entier, G7 et responsables européens, qui ont tenté de rassurer au mieux les investisseurs et trouver des parades à la crise, pour l'heure sans succès.
Les pays du G20 ont notamment déclaré être prêts à agir de concert tandis que les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales du G7 se sont engagés dans un communiqué à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la stabilité financière et la croissance".
"Seules les banques centrales peuvent apporter une réponse rapide pour éteindre un incendie. Les réponses à plus long terme sont dans les mains des politiques, mais, aujourd?hui, ils ne sont plus crédibles sur les marchés des deux côtés de l?Atlantique", expliquent les économistes du courtier Aurel BGC.
Les investisseurs reportent désormais leurs maigres espoirs sur la réunion de la Réserve fédérale américaine mardi.
Toutes les valeurs du CAC 40 ont terminé en baisse mais grâce à l'intervention de la BCE les titres financiers ont limité la casse à l'image de BNP Paribas (-3,21% à 39,31 euros). Hors CAC 40, CNP Assurances, largement exposé à l'Espagne et l'Italie, a figuré parmi les très rares valeurs en hausse, prenant 0,88% à 12,01 euros.
La plupart des valeurs cycliques, les plus dépendantes de la conjoncture, ont chuté à l'image de Renault (-9,27% à 28,40 euros) et Alcatel-Lucent (-9,71% à 2,22 euros).
Total, première capitalisation du CAC 40, a cédé 2,75% à 33,30 euros.
Enfin, GDF Suez a perdu 2,89% à 19,82 euros. Le groupe français est sur le point de signer avec le fonds souverain chinois China investment corporation (CIC), qui devrait notamment entrer à hauteur de 30% dans le pôle exploration-production du français.