La Bourse de Paris devrait ouvrir en forte baisse lundi, touchée de plein fouet, comme les autres places financières, par la perte du triple A des Etats-Unis qui ravive les craintes de crise mondiale.
Le contrat à terme sur le CAC 40 perdait 2,53% une quarantaine de minutes avant l'ouverture de la séance.
Vendredi, avant la décision de Standard and Poor's, l'indice parisien a lâché 1,26% à 3.278,56 points, soit son plus bas niveau depuis le 23 juillet 2009 (3.270,94 points). Surtout, il reste sur dix séances de baisse consécutives, une série inédite depuis sa création en 1987.
La crise de la dette, en Europe et aux Etats-Unis, qui tourmente les marchés depuis plusieurs séances, a trouvé son point d'orgue dans la nuit de vendredi à samedi avec la décision de l'agence d'évaluation financière Standard & Poor's (S&P) de retirer aux Etats-Unis la prestigieuse note "AAA", la reléguant à AA+ avec une perspective négative.
Les deux grandes concurrentes de S&P n'ont pas encore franchi le pas, Moody's jugeant "prématuré" un éventuel abaissement tandis que Fitch a estimé qu'il fallait encore y réfléchir.
Dès leur ouverture lundi matin, les marchés asiatiques accusaient de fortes baisses, mais pas de mouvement de panique, comme le redoutaient certains.
La Bourse de Tokyo Hong a par exemple perdu 2,18% à la clôture.
Signe de l'affolement des investisseurs, les actifs qui font office de valeur refuge, étaient pris d'assaut, comme l'or, dont l'once a dépassé 1.700 dollars américains pour la première fois lundi matin à Hong Kong.
"Il y a peu de raisons de se réjouir", selon l'euphémisme employé par Cameron Peacock, analyste chez IG Markets.
"Il reste que les actions s'échangent désormais en général à un prix tellement cassé que même si les marchés baissent encore, ce mouvement devrait avoir du mal à être entretenu longtemps", nuance l'analyste, les places boursières n'en finissant plus de chuter depuis deux semaines.
Mobilisés tout le week-end, les dirigeants du monde entier, G7 et responsables européens, tentent de rassurer au mieux les investisseurs et trouver des parades à la crise.
Les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales du G7 se sont engagés dans un communiqué à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la stabilité financière et la croissance".
En Europe, où l'Italie et l'Espagne subissent une pression de plus en plus forte sur les marchés, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu'elle allait "appliquer activement son programme" de rachat d'obligations sur le marché secondaire", sans toutefois préciser au secours de quel pays.
Les économistes de Société Générale n'attendent toutefois pas de hausse dans les taux d'emprunt américain sur le marché, étant donné que les investisseurs spécialisés dans les produits de taux "avaient déjà intégré la dégradation même si elle est intervenu plus tôt que prévu".
Enfin, comme le souligne l'analyste d'IG Markerts, "peu de statistiques économiques sont au programme dans les heures qui viennent et les résultats d'entreprises se raréfient après la récente vague de publications".