Solvay et Rhodia ont annoncé que la Commission européenne avait approuvé vendredi l'acquisition du second par le premier de Rhodia. A la suite de cette autorisation, l'Autorité française des marchés financiers (AMF) a fixé la date de clôture de l'offre publique d'achat (OPA) amicale au mercredi 24 août 2011 inclus. Solvay offre 31,60 euros par action Rhodia et 52,30 euros par obligation à OPTION de conversion et/ou d'échange en actions nouvelles ou existantes (OCEANE).
L'ensemble des autorisations réglementaires préalables à la réalisation de l'offre ayant été obtenues, l'offre reste désormais uniquement soumise à la condition suspensive de l'apport d'un nombre d'actions Rhodia représentant au moins 50 % du capital et des droits de vote plus une action, sur une base totalement diluée.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
Oceane : Les obligations convertibles en actions nouvelles ou existantes permettent à leur émetteur d'échanger les obligations contre des actions préexistantes. Les Océane ont généralement un taux inférieur à celui d'une obligation classique, puisque le porteur peut bénéficier de l'avantage de la conversion, et par ailleurs, elles évitent à l'émetteur le risque de dilution du capital.
OPA (Offre publique d'achat) : C'est une opération qui consiste pour une personne morale ou physique à faire savoir publiquement qu'elle souhaite acheter tout ou partie des titres donnant accès au capital (actions, OCA, ORA.) d'une autre société. L'acheteur dépose un projet à l'AMF. Euronext Paris suspend la cotation des titres concernés. L'AMF examine les conditions de recevabilité de l'offre, donne (ou non) un avis de recevabilité et vérifie la qualité de l'information donnée aux investisseurs avant de délivrer son visa. Lorsque l'AMF publie sa décision de recevabilité et délivre son visa, Euronext Paris publie un avis comportant le calendrier de l'offre.
Les points forts de la valeur
- Rhodia était déjà l'un des trois premiers acteurs mondiaux de la chimie de spécialités, plus rentable que la chimie de base. L'OPA amicale du belge Solvay va permettre de constituer un leader mondial ; le Top Management de Rhodia sera placé à la tête du nouvel ensemble ;
- Le groupe a opéré un repositionnement en profondeur avec la cession des branches les moins rentables et la réorganisation de ses activités ;
- Le groupe a la capacité de répercuter la hausse des matières premières et du dollar sur ses prix, préservant ainsi ses niveaux de rentabilité ;
- Rhodia réalise 50% de ses ventes dans les pays émergents (notamment en Chine et au Brésil) et poursuit son développement dans ces zones au travers d'acquisitions ciblées comme au début de l'été 2010 avec le chinois Feixiang Chemicals. C'est un avantage comparatif face à ses concurrents ;
- Rhodia a développé une activité de revente de crédit carbone (CER) ;
- 30% du chiffre d'affaires du groupe s'inscrit dans une démarche de développement durable.
Les points faibles de la valeur
- La valeur a déjà progressé de 100% sur un an à fin juin 2011 ;
- Rhodia est fortement dépendant du prix des matières premières, et plus particulièrement de celui des dérivés du pétrole (benzène...). Il est également pénalisé en cas de repli du dollar ;
- La visibilité sur l'activité de vente de crédits carbone est faible en raison des incertitudes sur l'allocation des quotas après la fin du protocole de Kyoto, en 2012.
Comment suivre la valeur
- Les analystes conseillent d'apporter à l'offre amicale de Solvay qui offre une prime de 50% sur le dernier cours de bourse ;
- Cette opération relance la spéculation sur l'ensemble du secteur ;
- Le secteur de la chimie est particulièrement sensible à la conjoncture économique. Rhodia est une valeur cyclique et extrêmement volatile ;
- Le groupe résiste mieux que ses concurrents à la crise. Son statut d'acteur incontournable du secteur pourrait être renforcé en sortie de crise.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Chimie
Des tensions existent entre les chimistes et les plasturgistes français. Ces derniers ont lancé un cri d'alarme en dénonçant des hausses excessives du coût de leurs matières premières et des ruptures régulières d'approvisionnement. Selon le président de la Fédération de la plasturgie, les prix de leurs matières premières ont progressé de 100% en deux ans, ce qui est bien supérieur à la hausse du prix du pétrole. Or, le coût des matières premières représente entre 50% et 60% de leur chiffre d'affaires. Ce secteur qui est très atomisé (80% des entreprises du secteur comptent moins de 50 salariés) dispose d'un faible pouvoir de négociation face à un secteur de la chimie qui s'est concentré. Le directeur général de l'Union des industries chimiques (UIC) évoque plutôt une augmentation du coût des matières premières aux environs de 25%. Des tensions entre ces deux types d'acteurs étaient déjà apparues en 2010, donnant naissance à une «cellule d'anticipation des crises d'approvisionnement».