La Bourse de New York, mise au tapis par les craintes d'un retour de la récession et de la propagation de la crise de la dette en Europe, va surveiller l'action des autorités la semaine prochaine, en quête de signes d'apaisement.
"La tendance sous-jacente est claire -- une peur croissante de la récession, étant donné la série récente de mauvais indicateurs, à laquelle s'ajoute la détérioration de la crise de la dette dans la zone euro", explique Nigel Gault, de IHS Global Insight.
Quand ces forces se sont combinées jeudi, le marché a enregistré sa plus forte chute depuis février 2009: le Dow Jones a lâché plus de 500 points.
Sur la semaine écoulée, l'indice vedette a chuté de 5,75% à 11.444,61 points, signant sa pire semaine depuis mars 2009.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a dévissé de 8,13% à 2.532,41 points et l'indice élargi Standard and Poor's 500 de 7,19% à 1.199,38 points.
La semaine précédente s'était terminée sur des chiffres de croissance inquiétants. Celle qui vient de s'achever a commencé sur la quasi-stabilisation de l'expansion de l'activité manufacturière et a enchaîné sur de mauvaises nouvelles: baisse des dépenses de consommation, activité dans les services décevante.
En baisse de plus de 10% depuis ses plus hauts du mois de mai, le marché est en train de subir une correction.
"Il faut se demander quels sont les tenants et les aboutissants de cette crise sur le marché: c'est diminuer l'exposition au risque, c'est s'adapter à une éventuelle récession. La volatilité est en train d'exploser", note Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital Markets.
L'hypersensibilité des marchés s'est ressentie vendredi, dans des volumes d'échanges très étoffés, lorsque les indices ont fait des montagnes russes au rythme des rumeurs et de l'actualité.
"Les indices ont plongé dans la matinée à cause d'informations selon lesquelles l'agence Standard and Poor's allait faire une annonce après la clôture, et les gens ont supposé que cela serait un abaissement de la note de la dette", rapporte Marc Pado, de Cantor Fitzgerald, soulignant l'incertitude régnant, une fois de plus, avant le week-end.
Puis les marchés se sont repris alors que les dirigeants européens se mobilisaient pour tenter de rassurer les investisseurs. En Italie, le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a annoncé l'anticipation de l'équilibre budgétaire à 2013 au lieu de 2014.
"L'attention se portera sur l'Europe la semaine prochaine", avance Marc Pado. "C'est le principal partenaire commercial des Etats-Unis, on a besoin qu'ils soient au moins stabilisés".
Le grand rendez-vous de la semaine sera la réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale, mardi.
Les chiffres officiels du chômage publiés vendredi, meilleurs qu'attendu, ont mis à mal les espoirs de voir la Fed décider d'une troisième vague d'assouplissement quantitatif, destiné à soutenir l'économie.
Mais d'autres mesures pourraient être prises pour apaiser les tensions.
"Ben Bernanke, de tous les banquiers centraux, est celui qui est le plus à l'écoute des marchés", souligne Gregori Volokhine. Des marchés qui ont été plutôt bruyants au cours de la semaine.
Les investisseurs seront attentifs à leurs dirigeants. "Cette crise, c'est la crise de la confiance des gouvernements à gérer leurs dettes, et à pouvoir apporter de la croissance à l'économie", observe l'analyste de Meeschaert.
D'autres analystes étaient plus maussades.
"Il devient évident que les marchés boursiers sont laissés livrés à leur sort et qu'ils ne justifient plus leurs niveaux", estime Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management.
En fin de semaine, les investisseurs recevront de nouvelles munitions pour juger de la santé de l'économie américaine dans la deuxième moitié de l'année, avec la publication vendredi des ventes de détail pour juillet et la première estimation de l'université du Michigan sur le moral des ménages en août.