La justice vient d'interdire à Auchan d'ouvrir son magasin de Perpignan le dimanche, comme le géant français de la distribution avait commencé à le faire cet été, a-t-on appris samedi de sources syndicales.
Pour les syndicats qui avaient saisi le juge des référés, et pour leurs avocats, il s'agit d'une décision applicable partout ailleurs en France. Ils y voient la victoire du droit au repos dominical contre les atteintes de la grande distribution.
La direction de l'hypermarché de Perpignan a dit samedi à l'AFP son intention de faire appel du jugement rendu vendredi.
Celui-ci interdit à l'hypermarché Auchan de Perpignan d'ouvrir le dimanche sous peine d'astreinte de 100.000 euros par jour d'ouverture irrégulière.
La direction entendait ouvrir le magasin tous les dimanches matins du 31 juillet au 11 septembre. Elle comptait ainsi répondre à une demande forte selon elle en été dans un secteur très touristique.
Elle se réclamait d'une loi autorisant les magasins à prédominance alimentaire à ouvrir le dimanche jusqu'à 13H00. Elle acceptait mal de laisser le champ libre à d'autres enseignes qui, en vertu du texte, lui faisaient de la concurrence en ouvrant le dimanche.
L'hypermarché a ouvert le 31 juillet, provoquant la mobilisation de l'intersyndicale CFDT-CGT-FO-CFE/CGC.
Le juge des référés a donné raison aux syndicats en rendant une décision immédiatement exécutoire. L'hypermarché, situé près de l'A9 qui dessert les stations balnéaires de Méditerranée et qui mène en Espagne, restera fermé ce dimanche.
"Gageons que l'enseigne Auchan hésitera désormais à passer en force et à se soustraire aux textes en vigueur", ont réagi les syndicats dans un communiqué, "ce jugement marque un premier coup d'arrêt au dogme du commerce intensif dans la grande distribution".
La question du travail dominical divise profondément le monde économique et politique.
La loi stipule qu'un employeur doit accorder au salarié au moins un jour de repos hebdomadaire par semaine. Le Code du travail précise que, "dans l?intérêt des salariés, le repos hebdomadaire est donné le dimanche".
Mais la loi souffre des dérogations. Candidat à la présidentielle, le candidat Nicolas Sarkozy avait dit sa volonté de voir étendre les possibilités de travailler le dimanche. La majorité a fait passer en 2009 une loi permettant à davantage de communes et zones commerçantes de poursuivre leurs activités dominicales.