
Pressé par le patronat et les syndicats, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a annoncé jeudi l'adoption d'ici fin septembre d'un "pacte" pour relancer la croissance et rassurer les marchés qui craignent que l'Italie ne soit la prochaine victime de la crise de la dette.
"Nous voulons absolument arriver à un pacte global entre gouvernement et partenaires sociaux d'ici la fin du mois de septembre", a déclaré le Cavaliere à l'issue d'une réunion avec les partenaires sociaux.
Ces derniers avaient réclamé la semaine passée des mesures urgentes pour relancer une croissance atone qui rend plus difficile l'assainissement des finances publiques. Une initiative concertée et inhabituelle qui avait été perçue comme un signe de leur ras-le-bol face à un gouvernement affaibli.
"La situation est grave et doit être affrontée avec la plus grande détermination sans se chercher d'excuses ou de raccourcis", a martelé la "patronne des patrons" Emma Marcegaglia qui s'exprimait au nom de tous les partenaires sociaux.
Soulignant l'"urgence" d'adopter ces mesures et l'impératif de ne pas prendre de vacances, elle a annoncé que les partenaires sociaux se réuniraient de nouveau la semaine prochaine.
Le ministre du Développement économique, Paolo Romani, a reconnu que "nous aurons tous peu de vacances en août" mais a toutefois exclu des "actes concrets" ce mois-ci.
Les marchés mettent la pression depuis le début de la semaine sur l'Espagne et l'Italie, qui malgré l'adoption d'une sévère cure d'austérité mi-juillet, inquiète toujours en raison de son énorme dette (environ 120% de son PIB), de sa faible croissance et de l'affaiblissement du gouvernement.

Le projet de "pacte" présenté par le Cavaliere reprend dans l'ensemble les propositions des partenaires sociaux.
Premier grand axe, l'inscription dans la Constitution de la "règle d'or" de l'équilibre budgétaire. Viennent ensuite l'adoption rapide de la réforme de la fiscalité, chantier lancé fin 2010, la modernisation du marché du travail, l'accélération des chantiers d'infrastructures, les privatisations et les libéralisations ou la diminution du coût de la politique.
Pour Giuliano Noci, professeur au Mip, l'école de commerce de l'Université Politecnico de Milan, l'action des partenaires sociaux "est tout à fait légitime alors que le gouvernement a encore une fois montré son incapacité à déterminer des priorités claires et à intervenir rapidement".
Ce qui n'est d'ailleurs toujours pas le cas selon lui: "promettre un plan d'action d'ici fin septembre met l'Italie dans une situation risquée".
Resté assez discret ces derniers temps, le Cavaliere était intervenu mercredi devant le Parlement pour s'engager à un "plan d'action immédiat", mais les experts avaient déploré un manque de mesures concrètes.
"Trop d'optimisme de circonstance, trop de références génériques aux réformes (les éternelles réformes toujours évoquées et jamais mises en oeuvre)", a noté Stefano Folli, éditorialiste du quotidien économique Il Sole 24 Ore.
Silvio Berlusconi a de nouveau fait part de son optimisme jeudi. "Je ne pense pas que la crise s'aggravera", a-t-il affirmé, appelant les Italiens à ne pas vendre leurs titres.
Une attitude dénoncée comme une "sous-évaluation dramatique" de la crise par le chef du Parti Démocrate (gauche), Pier Luigi Bersani.
Jeudi, les marchés ont encore été pris de panique malgré l'achat d'obligations d'Etat par la Banque centrale européenne pour calmer les tensions.
La Bourse de Milan chutait de 3,23% avant d'être suspendue pour des raisons techniques vers 15H00 GMT tandis que les taux italiens à dix ans étaient toujours au-dessus des 6%.