L'euro a nettement reculé face au dollar jeudi, alors que les commentaires prudents de la Banque centrale européenne ne sont pas parvenus à rassurer les marchés financiers, où la recherche de sécurité a prévalu au détriment d'actifs plus rémunérateurs.
Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), la devise européenne valait 1,4106 dollar contre 1,4318 dollar mercredi à la même heure. La monnaie européenne est même tombée brièvement sous 1,41 dollar.
L'euro progressait face au yen, à 111,35 yens contre 110,25 yens la veille.
Le dollar grimpait aussi face à la monnaie nippone, à 78,93 yens contre 76,97 yens mercredi.
"L'euro est l'un des épicentres de la phase actuelle d'aversion au risque", a souligné Samarjit Shankar, de BNY Mellon.
Les mesures annoncées jeudi par la Banque centrale européenne (BCE) "ne représentent que la reconnaissance tardive des problèmes" qui font douter les investisseurs, a ajouté l'analyste.
La BCE va notamment procéder à de nouveaux achats d'obligations et mettre en place une opération exceptionnelle de refinancement sur six mois le 9 août, en réaction aux "tensions renouvelées sur certains marchés de la zone euro", selon son président Jean-Claude Trichet.
Les annonces n'ont pas convaincu les investisseurs.
"Des informations de marché semblent suggérer que le programme de rachat d'obligations continue d'exclure l'Espagne et l'Italie, visant à la place les titres irlandais et portugais qui bénéficient déjà du véhicule européen de prêts de dernier recours, l'EFSF", le fonds européen de stabilité financière, a souligné Lena Komileva, de Brown Brothers Harriman.
Or les craintes de contagion font trembler les marchés, et l'Italie et l'Espagne en sont les principales victimes sur les marchés de la dette.
"Les mesures de la BCE ne sont destinées qu'à éteindre des feux, mais ne s'adressent pas au problème fondamental", a estimé Samarjit Shankar. "Les décisions difficiles restent à prendre et il n'y aucun signe d'un semblant d'accord" entre les dirigeants européens.
Pour Lena Komileva, l'euro faisait face à trois menaces: une nouvelle envolée des taux obligataires espagnols et italiens, la faiblesse générale des marchés boursiers, et la recherche d'actifs de "qualité" qui devrait profiter aux obligations allemandes et amplifier les différences de taux au sein de la zone euro.
La réticence des investisseurs à prendre des risques profitaient aux monnaies dites refuge comme le dollar, mais surtout le franc suisse et le yen. Face à l'appréciation de sa monnaie, qui pénalise son économie, la Banque du Japon a décidé d'intervenir sur le marché des changes jeudi, à l'image de son homologue suisse la veille.
Le yen évoluait en effet à courte distance de son plus haut niveau face au dollar depuis 1945 (à 76,25 yens pour un dollar atteint le 17 mars).
Les effets de l'intervention étaient toutefois limités face à la vague d'inquiétude qui submergeait les marchés financiers.
"On est dans un mode assez agressif à l'encontre de la prise de risque. Il apparaît clairement aux investisseurs qu'il y a des problèmes fondamentaux qui pèsent sur l'économie mondiale", a observé Samarjit Shankar.
Vers 21H00 GMT, la devise helvétique montait face à l'euro à 1,0818 franc suisse, comme face au dollar à 0,7666 franc suisse.
La livre britannique progressait face à l'euro, à 86,72 pence, mais reculait face au billet vert, à 1,6266 dollar.
La devise chinoise a terminé à 6,4380 yuans pour un dollar contre 6,4342 yuans la veille.
Cours de jeudi Cours de mercredi
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21H00 GMT 21H00 GMT
EUR/USD 1,4106 1,4318 EUR/JPY 111,35 110,25 EUR/CHF 1,0818 1,1019 EUR/GBP 0,8672 0,8716 USD/JPY 78,93 76,97 USD/CHF 0,7666 0,7692 GBP/USD 1,6266 1,6422