La banque britannique HSBC, une des premières d'Europe, a annoncé lundi qu'elle allait supprimer jusqu'à 30.000 postes dans le monde malgré d'excellents résultats, suivant ainsi la stratégie d'autres grandes banques qui sabrent leurs effectifs pour préserver leurs bénéfices.
Mises face à face, les deux informations délivrées le même jour par HSBC sont particulièrement frappantes: un bénéfice semestriel qui a bondi de 35%, pour atteindre 8,9 milliards de dollars (6,2 milliards d'euros), mais des réductions d'emplois devant toucher près de 10% de l'effectif mondial de la banque dans les deux ans.
S'adressant à la presse, le directeur général Stuart Gulliver s'est félicité de "bons résultats dans un environnement difficile". Et a estimé que les mesures d'économies étaient "un pas dans la bonne direction sur un chemin encore long".
Ces mesures s'inscrivent dans le cadre d'un plan visant à réduire les coûts de 3,5 milliards de dollars d'ici à 2013, sous la pression des actionnaires qui veulent sauvegarder leurs dividendes y compris en période de crise.
Les investisseurs n'ont d'ailleurs pas manqué de saluer lundi les annonces de HSBC, dont le cours à la Bourse de Londres a terminé en hausse de 2,19% à 607,50 pence dans un marché déprimé qui sanctionnait lourdement certaines de ses concurrentes.
A l'inverse, le syndicat britannique Unite a dénoncé une "restructuration brutale qui plonge des milliers d'employés dans l'incertitude".
Comme ses confrères, le directeur général de HSBC a insisté sur "le poids des nouvelles réglementations" britanniques ou internationales, prises dans le sillage de la crise financière et obligeant par exemple les banques à accroître leurs fonds propres.
Globalement, les revenus mondiaux de la banque sont restés quasi-stables à 35,7 milliards de dollars au 1er semestre de cette année par rapport à la même époque de 2010.
Obéissant à la même volonté d'optimiser son activité, HSBC a confirmé son retrait de pays jugés peu porteurs, comme les Etats-Unis, la Russie ou la Pologne, afin de concentrer ses efforts sur l'Asie et l'Amérique latine où elle a enregistré "une croissance à deux chiffres".
HSBC a illustré cette stratégie en annonçant dimanche la cession de 195 de ses banques de détail aux Etats-Unis pour environ un milliard de dollars.
Les suppressions de postes n'ont pas été détaillées par régions, mais les pays européens devraient être les premiers concernés dans un contexte toujours très incertain en raison de la crise de la dette.
Si elle se distingue par l'ampleur des réductions d'effectifs, HSBC ne fait que suivre la politique de ses concurrents, qui multiplient eux aussi les suppressions de postes dans l'espoir de préserver leurs marges. Une opération rapidement efficace dans un secteur où les salaires pèsent particulièrement lourds dans la colonne des charges.
Nettement moins en forme que HSBC, sa concurrente britannique Lloyds Banking Group a annoncé fin juin qu'elle allait supprimer 15.000 postes dans le monde (sur 106.000) d'ici à 2014.
Ailleurs en Europe, la liste s'allonge aussi.
La deuxième banque d'Italie, Intesa Sanpaolo, vient de conclure un accord avec les syndicats consacrant la perte de 3.000 emplois. La banque helvétique Credit Suisse va se séparer de 2.000 employés, soit 4% de ses effectifs, pour économiser 1 milliard d'euros, et sa rivale UBS a également prévenu qu'elle allait couper dans son personnel.
Le secteur bancaire espagnol, dont la faiblesse est souvent pointée du doigt par les analystes, n'échappe pas au mouvement: Bankia, la plus grande union de caisses d'épargne du pays, a fermé ces derniers mois plus de 400 succursales et réduit ses effectifs de 2.900 personnes.
Et la star de la finance mondiale, l'américaine Goldman Sachs, prévoit un millier de licenciements d'ici la fin de cette année pour "raisons économiques".