Le bouquet de chaînes par satellite BSkyB a dévoilé vendredi des bénéfices florissants mais éclipsés par le maintien à sa tête de James Murdoch, malgré le scandale des écoutes et le faisceau de soupçons qui s'épaissit autour du groupe News Corp.
Comme attendu, le conseil d'administration de BSkyB, réuni jeudi pour approuver les résultats annuels de la société, a renouvelé sa confiance à James Murdoch, président de l'entreprise audiovisuelle britannique depuis 2007, après en avoir été directeur général pendant quatre ans.
La veille, une source proche du groupe avait affirmé à l'AFP que James avait reçu le soutien "unanime" des administrateurs, bien qu'il soit dans l'oeil du cyclone provoqué par les écoutes du News of the World (NotW), tabloïd à grand tirage du groupe News Corp, fermé en raison du scandale.
Ces dernières semaines, les appels à ce que le fils et dauphin pressenti de Rupert Murdoch abandonne la présidence de BSkyB s'étaient multipliés, mais les actionnaires du groupe lui ont accordé à tout le moins un répit.
Mais malgré ce soutien, les ennuis sont loin d'être finis pour James Murdoch, qui cumule la présidence de BSkyB avec la responsabilité des activités de News Corp en Asie et en Europe, et chapeaute à ce titre les journaux britanniques dont le fameux "News of the World" au coeur du scandale.
Il a été invité ce vendredi à fournir des éclaircissements par écrit, avant une éventuelle nouvelle déposition devant la commission parlementaire britannique de la Culture, une semaine après sa première apparition.
Il va devoir s'expliquer car deux anciens du NotW ont contredit son affirmation selon laquelle il n'avait pas eu connaissance d'un mail évoquant la pratique généralisée des écoutes au sein du journal.
Et, parallèlement, le grand déballage sur les pratiques douteuses ou illégales du tabloïd se poursuit, l'étau semblant se resserrer de plus en plus sur les responsables du journal, bien qu'ils aient toujours nié avoir été au courant.
Jeudi, on apprenait que la mère d'une fillette assassinée par un pédophile pourrait avoir été espionnée par le journal, à l'aide d'un téléphone qui lui avait été offert par le quotidien.
Et, vendredi, les avocats de Glenn Mulcaire, détective privé au centre de cette affaire, ont insisté sur le fait qu'il avait toujours agi en tant "qu'employé" du journal et "sur instructions", alimentant encore les soupçons à l'encontre de la hiérarchie du NotW.
Parallèlement, l'influence de News Corp au sein de BSkyB risque de faire l'objet d'une enquête du régulateur des télécoms, l'Ofcom, pour vérifier si News Corp, au vu du scandale des écoutes, constitue toujours un actionnaire "apte et convenable" pour BSkyB.
Cette affaire aux multiples ramifications (elle éclabousse la presse, la police et le gouvernement) a du coup fait passer au second plan les performances financières éclantantes de BSkyB.
Le bouquet télévisé aux 10 millions d'abonnés a dévoilé un bond de 23% de son bénéfice opérationnel à 1,1 milliard de livres (environ 1,2 milliard d'euros) sur l'exercice clos fin juin.
Et il va reverser 750 millions de livres à ses actionnaires sous forme de rachats d'actions, une manne qui va profiter en première ligne à News Corp (propriétaire de 39% du bouquet), qui va toucher la plus grosse part de ce magot, et donc indirectement aux Murdoch.
En dépit de ce jackpot, les résultats de BSkyB ont pris des allures de crève-coeur pour News Corp. En effet, le groupe a dû renoncer ce mois-ci à cause du scandale du NotW à une tentative de rachat à 100% du bouquet, qui lui aurait permis de récupérer l'intégralité de ses juteux profits.