La Grèce a entamé jeudi des discussions sur la délicate procédure d'échange volontaire d'obligations de sa dette détenues par les banques privées, a indiqué le ministre des Finances Evangélos Vénizélos.
"Ce matin l'application des décisions du sommet de la zone euro a commencé, les discussions ont commencé d'une manière très encourageante", a indiqué M. Vénizélos devant la commission économique du parlement.
"Nous souhaitons que l'opération commence dans l'immédiat et que sa durée soit la plus courte possible", a ajouté le ministre, au lendemain d'une nouvelle dégradation de la note souveraine de la Grèce par une agence de notation financière.
Le nouveau plan européen qui vise à réduire la dette grecque et préserver la zone euro comprend le risque d'une période de défaut de paiement de la Grèce pendant ou juste après les échanges d'obligations.
Jeudi matin, M. Vénizélos s'était entretenu avec des experts de l'Institut de la Finance Internationale (IIF), arrivés à Athènes pour discuter de ce sujet au siège de l'Organisme de la dette publique grecque (Pdma).
Le président du Pdma, Pétros Christodoulou, des experts de l'UE et du FMI et des représentants des banques conseils --BNP Paribas, Deutsche Bank and HSBC nommées mercredi par le gouvernement grec pour garantir cette opération-- étaient présents lors de ces discussions, selon le ministère des Finances.
Une réunion a également eu lieu sous l'égide du Premier ministre Georges Papandréou, avec M. Vénizélos et le président de l'Union des banques grecques Vassilis Rapanos et le directeur de la Banque nationale de Grèce Apostolos Tamvakakis.
Le nouveau plan d'aide à la Grèce, décidé le 21 juillet lors du sommet de la zone euro à Bruxelles, s'élève à une somme totale de 160 milliards d'euros.
Ce plan prévoit une contribution des créanciers privés, via notamment un mécanisme dit de "rollover", dans lequel les investisseurs échangeraient volontairement leurs obligations grecques arrivant à échéance contre de nouvelles à maturité plus longue.
L'échange volontaire d'obligations implique des banques et fonds de pension, membres de l'IIF, organisme basé à Washington qui regroupe plus de 400 institutions financières de 70 pays environ dont quatre grecques.
Selon l'IIF, le secteur privé devrait contribuer à hauteur de 54 milliards d'euros sur trois ans, et 135 milliards d'euros sur dix ans, à un nouveau plan d'aide pour ce pays.
Cette procédure devrait entraîner une perte de 21% pour les prêteurs privés, l'une des mesures prises à Bruxelles pour alléger l'énorme dette de la Grèce qui s'élève actuellement à quelque 350 milliards d'euros, plus de 150% du PIB.
Selon M. Vénizélos, grâce au nouveau plan européen, "la maturité des obligations grecques va se prolonger pour atteindre 13,5 ans au lieu d'une moyenne de huit ans actuellement".
Après une dégradation de la note souveraine grecque par Fitch la semaine dernière et par Moody's lundi, Standard and Poor's a relégué mercredi la dette d'Athènes à CC contre CCC auparavant, à deux crans du défaut de paiement.
Le classement de la Grèce en défaut de paiement devrait intervenir "à l'annonce de la mise en oeuvre de la restructuration de la dette" du pays, que S and P attend "au plus tôt" courant septembre, a indiqué Standard and Poor mercredi.
Mais pour M. Vénizélos "les agences de notation suivent leur propre protocole pour faire des évaluations, sans prendre en considération de réels fait et de réelles situations".
"La réponse aux agences a été donnée après la décision (au sommet), la BCE et la Banque de Grèce se sont engagées à garantir les liquidités des banques grecques sans aucun changement à la pratique actuelle", a-t-il ajouté.