Le gouvernement, qui se veut "exemplaire" sur le plan budgétaire, va probablement devoir donner un tour de vis supplémentaire pour respecter ses promesses de réduction du déficit, comme l'y engagent le FMI et plusieurs parlementaires de la majorité.
Le dernier avertissement est venu mercredi du Fonds monétaire international.
Dans un rapport globalement positif sur la politique économique française, le Fonds juge que la trajectoire de réduction du déficit prévue représente un "bon équilibre entre vitesse et faisabilité".
Mais pour atteindre l'objectif d'un déficit public à 4,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2012 puis à 3% en 2013, contre 5,7% attendus cette année, il faudra "des mesures supplémentaires", faute de quoi le retour en deçà du seuil fatidique de 3% n'interviendra qu'en 2014, préviennent ses experts.
Or, met en garde le FMI, "la France ne peut pas prendre le risque de ne pas respecter ses objectifs budgétaires" si elle veut préserver les faibles coûts d'emprunt que lui garantit sa note AAA, la meilleure possible.
Les calculs du Fonds s'appuient sur des prévisions de croissance moins optimistes que celles du gouvernement.
Si les attentes sont similaires pour cette année, autour de 2%, le FMI prévoit un ralentissement à 1,9% l'an prochain, alors que Paris table sur une accélération à 2,25%. L'écart est encore plus fort en 2013: 2% pour le Fonds contre 2,5% pour le gouvernement.
Ironie du sort, les prévisions françaises ont été réalisées sous l'autorité de l'ancienne ministre de l'Economie Christine Lagarde, devenue début juillet directrice générale du FMI.
La France n'a de cesse de répéter que ses engagements de rétablissement des comptes publics sont "intangibles". La ministre du Budget Valérie Pécresse a redit mercredi que "des économies supplémentaires sur les niches fiscales (seraient) réalisées, si nécessaire" dès 2012, au-delà des 3 milliards d'euros prévus pour l'instant.
Nicolas Sarkozy plaide lui-même pour une "France exemplaire dans la remise en ordre de ses comptes publics" et a appelé les parlementaires à inscrire dans la Constitution une "règle d'or" de retour à l'équilibre.
A moins d'an de la présidentielle, le chef de l'Etat cherche à en tirer argument contre le Parti socialiste, opposé à une telle mesure et qui reproche aux gouvernements de droite qui se sont succédé au pouvoir depuis 2002 d'avoir creusé les déficits.
Les experts de Washington ne sont pas seuls à tirer la sonnette d'alarme. Les spécialistes du budget au sein de la majorité parlementaire jugent aussi insuffisantes les mesures annoncées par le gouvernement.
Le rapporteur UMP du Budget à l'Assemblée nationale Gilles Carrez chiffre à 5 milliards d'euros les économies supplémentaires nécessaires pour 2012.
Il devait proposer mercredi à Mme Pécresse deux milliards supplémentaires de coupes dans les dépenses publiques, et un coup de rabot renforcé de 3 milliards sur les niches fiscales et sociales, notamment via l'imposition de l'assurance-vie ou des plus-values immobilières.
La commission des Finances du Sénat va plus loin. Selon elle, le gouvernement pourrait être contraint de dégager en 2012 jusqu'à 11 milliards d'euros de recettes ou d'économies en plus si la croissance et la réduction des dépenses ne sont pas au rendez-vous.
"Pour l'instant, le gouvernement n'a pas étayé par des mesures précises son objectif pour l'an prochain", confirme Mathilde Lemoine, chef économiste pour la France chez HSBC.