STMicroelectronics (-8,55% à 5,85 euros) affiche de loin la plus forte baisse de l'indice CAC 40, plombé par des perspectives décevantes, en particulier au niveau de sa marge brute. L'action revient aujourd'hui sur ses plus bas niveaux d'octobre 2010. Le mouvement de baisse a été amplifié par l'abaissement de la recommandation de deux bureaux d'études parisiens très influents - une occurrence rare - Cheuvreux et Exane. Le premier est passé de Surperformance à Sous-performance et le second à de Neutre à Sous-performance.
Au troisième trimestre, STMicroelectronics anticipe une évolution du chiffre d'affaires entre un recul de 5% et une hausse de 2% par rapport au deuxième trimestre. Cette prévision est inférieure de 6% au consensus, précise Exane.
Mais la prévision qui a le plus déplu aux investisseurs concerne la marge brute, un indicateur de rentabilité opérationnelle particulièrement suivi dans le secteur. Elle devrait se situer à environ 35,5%, plus ou moins un point de pourcentage, bien inférieur au consensus de 39,2%. Cheuvreux se dit stupéfait par la faiblesse de cet objectif. La marge brute s'était élevée à 38,1% au deuxième trimestre.
STMicroelectronics a expliqué la faiblesse de sa prévision de marge par l'adaptation à la baisse de ses niveaux de production de certaines usines « essentiellement en raison d'une réduction significative des perspectives de demande d'un client majeur par rapport aux attentes précédentes ». Si le fabricant de semi-conducteurs ne donne pas le nom de ce client, il s'agit de Nokia qui est actuellement en difficulté. Le groupe est aussi confronté à un ralentissement de certains marchés comme les produits numériques grand public et les microcontrôleurs.
Soulignant l'effondrement de la marge brute et une prévision de chiffre d'affaires inférieure de 2% à son estimation, Exane a sabré de 20% ses prévisions de bénéfice par action 2011 et 2012. S'il avait anticipé le ralentissement des principales activités du groupe, le broker s'avoue surpris par l'ampleur de la baisse de la marge brute.
Cheuvreux est surpris que STMicroelectronics n'ait pas pu compenser au moins partiellement la demande plus faible en provenance de Nokia en réduisant le niveau de sa sous-traitance auprès des fonderies (entreprises spécialisées dans la fabrication de puces pour le compte d'autres sociétés). Selon l'analyste, cela suggère un problème de flexibilité. Le broker a mis ses prévisions et son objectif de cours sous revue.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- STMicro est le leader européen des semi-conducteurs et bénéficie de bonnes positions concurrentielles dans le monde, avec une cinquième place mondiale ;
- Ses ventes sont réparties de manière relativement équilibrée entre ses cinq secteurs d'activité ;
- STMicro est l'une des entreprises les plus innovantes de son marché ;
- La société est leader mondial dans le domaine des microsystèmes électromécaniques (Mems). Ces capteurs de mouvement sont en plein boom dans les produits grand public ;
- Les importants efforts de restructuration réalisés par le groupe devraient lui permettre de sensiblement améliorer ses performances opérationnelles;
- Le secteur a renoué avec la croissance en 2010, sous l'impulsion de la demande chinoise ainsi que du développement des smartphones, des écrans tactiles et autres « netbooks » ;
- La cession de Numonyx permet à STMicro de se séparer d'une activité peu rentable et soumise à de brusques retournements de la demande ;
- Dans un contexte pourtant adverse, STMicro qui bénéficiait déjà d'un taux d'endettement très faible, a encore assaini son bilan avec une trésorerie nette de 1,5 milliard de dollars à fin 2010.
Les points faibles de la valeur
- Les investisseurs peinent à croire au redressement, échaudés par plusieurs déceptions successives sur le titre ;
- L'activité de STMicro reste très dépendante de l'état des secteurs automobile, informatique, industriel et grand public, qui sont très cycliques ;
- La situation au Japon, avec la paralysie de nombreuses chaînes de production, notamment de composants électroniques suite au tsunami, pourrait indirectement venir peser sur l'activité de STMicro ;
- 2010 a été une année record pour les dépenses d'investissement dans les semi-conducteurs. 2011 sera plus calme avec un retour à des rythmes de croissance normaux ;
- Le redressement de ST-Ericsson est compliqué alors que ses deux principaux clients, Nokia et Sony Ericsson, perdent des parts de marché. Les comptes de cette filiale ont, une nouvelle fois, pesé sur les performances du groupe mais également sur le parcours boursier ;
- La rentabilité de la société est inférieure à celle des autres poids lourds du secteur. Elle pâtit d'une structure de coûts liée à l'euro.
Comment suivre la valeur
- Le secteur est cyclique et très lié à la conjoncture ;
- Les fluctuations du cours du dollar sont à surveiller car une variation de 1% du taux euro/dollar coûte de 8 à 10 millions de dollars de ventes ;
- Le niveau des stocks mondiaux de semi-conducteurs est un bon indicateur car plus ce niveau est élevé plus la demande sera faible et plus les capacités de production sont excédentaires ;
- Le succès des nouveaux produits influera sur l'amélioration régulière des performances financières du groupe ;
- La société souhaite s'ouvrir à de nouveaux segments de marché comme ceux de l'énergie (produits pour consommer moins) et de la santé ;
- La structure de l'actionnariat est à suivre. Le FSI a racheté fin 2010 à Areva sa part au capital de STMicro.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Electronique
Selon les professionnels, réunis lors du Salon mondial de l'électronique de Las Vegas, le Consumer Electronics Show (CES), le marché mondial de l'électronique devrait avoisiner le montant record de 1 000 MdUSD (soit environ 964 MdUSD) en 2011, en croissance de 10%. Ce sont notamment les ventes d'écrans plats qui tireront le marché. Après une forte croissance en 2010 (+11% en volume), le marché des téléviseurs devrait enregistrer une hausse plus limitée cette année (+2%) avec 266 millions d'unités vendues. La technologie LCD poursuivra sa progression pour représenter près des trois quarts des ventes de téléviseurs dans le monde. L'essor de la 3D ne serait toujours pas attendu pour 2011 mais devrait plutôt intervenir en 2012. L'Europe devrait bénéficier cette année d'un marché en hausse de 23%, devant la Chine et l'Amérique du Nord (+15% tous les deux).