Le ministre français de l'Energie Eric Besson a assuré lundi qu'"il n'y a pas de scénario actuel d'entrée d'EDF dans Areva", sans écarter une prise de participation de l'électricien dans les activités minières du groupe nucléaire public, en cours de filialisation.
L'hypothèse d'une arrivée d'EDF dans le capital d'Areva n'est "ni écartée ni pressentie. Simplement, il y a une filialisation en cours de l'activité mines d'Areva qui avait été actée et on verra qui entrera dans le capital" a affirmé M. Besson.
Le ministre était interrogé sur France Inter, avant une réunion sur l'avenir de la filière nucléaire française avec le PDG d'EDF Henri Proglio et le nouveau patron d'Areva Luc Oursel, lundi après-midi à Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
"Je sens de la part d'Henri Proglio une volonté de coopérer davantage avec Areva, ce que nous allons acter aujourd'hui par des accords très importants, mais je ne sens pas chez lui une pression particulière pour entrer au capital d'Areva", a ajouté M. Besson.
Selon le ministre, la réunion doit donner lieu à la signature de trois "accords techniques et commerciaux majeurs", voire "historiques par certains côtés", entre EDF et Areva. Ils portent sur la gestion du cycle du combustible, sur la maintenance et l'exploitation du parc existant et sur l'EPR.
L'objectif, a souligné M. Besson, est de "mettre en cohérence" l'ensemble de la filière nucléaire française.
Un quatrième accord, sur le réacteur de moyenne puissance (Atmea), reste encore à signer entre les deux groupes, a ajouté le ministre.
La montée d'EDF au capital d'Areva, dont il détient déjà 2,2%, est un serpent de mer dans le débat sur l'organisation de la filière nucléaire française, contre lequel Anne Lauvergeon, l'ancienne patronne d'Areva écartée fin juin, a beaucoup bataillé.
Après l'augmentation de capital d'Areva fin 2010, à hauteur de 900 millions d'euros apportés par le Koweït et l'Etat français, M. Besson avait cité EDF comme un participant potentiel à un éventuel nouveau tour de table susceptible d'inclure également le japonais Mitsubishi et le fonds souverain du Qatar.
Le nom d'EDF est également évoqué à intervalles réguliers depuis l'annonce fin février par l'Elysée de la filialisation du pôle minier d'Areva, premier producteur mondial d'uranium.
La décision des pouvoirs publics répond en effet aux demandes d'Henri Proglio, désireux d'investir dans des activités minières pour sécuriser ses approvisionnements.
La réunion de lundi à Châlon-sur-Saône, pour l'installation officielle du Comité stratégique de filière du nucléaire dont l'Elysée a décidé la création, sera l'occasion de consacrer en public le réchauffement des relations entre les deux groupes, longtemps plombées par les mauvais rapports Lauvergeon-Proglio.
EDF est le premier client du groupe nucléaire et pèse pour environ un quart dans son chiffre d'affaires.
Entamé dès son arrivée à la tête d'EDF fin 2009, le bras de fer entre Henri Proglio et "Atomic Anne" avait culminé début 2010 avec une polémique entre les deux groupes sur la gestion de déchets nucléaires.