Areva et EDF ont mis un terme à leurs différends avec ostentation lundi en organisant, sur le site d'une usine du groupe nucléaire, la rencontre de leurs patrons Luc Oursel et Henri Proglio pour la signature d'un accord qui précède un partenariat stratégique plus étendu.
Les relations des deux groupes étaient plombées depuis plusieurs mois par les relations exécrables entre M. Proglio et l'ancienne présidente d'Areva Anne Lauvergeon, à qui M. Oursel --dont c'était lundi la première sortie officielle-- a succédé début juillet.
Sans répondre directement aux questions sur le changement dans les relations d'Areva avec EDF survenu depuis le départ de Mme Lauvergeon, M. Oursel a simplement assuré à des journalistes qu'il avait la "volonté d'écrire une nouvelle page" dans ses relations avec l'électricien. EDF pèse pour un quart environ du chiffre d'affaires d'Areva dont il est le premier client.
Saluant plus tard, dans un discours, l'accueil de M. Oursel, M. Proglio a jugé que c'était un "témoignage de l'état d'esprit qui règn(ait) entre (les) deux groupes, et qui n'aurait jamais dû cesser d'être", dans une allusion à peine voilée à Mme Lauvergeon.
"Areva a vocation à être un partenaire majeur d'EDF", a ajouté M. Proglio.
EDF et Areva "redeviennent durablement et formellement des partenaires stratégiques", s'est de son côté félicité Eric Besson, ministre de l'Energie.
Sous l'égide de M. Besson, ravi de saluer une "équipe de France (du nucléaire) soudée", les deux hommes ont paraphé un accord technique et commercial. Celui-ci doit servir de socle au partenariat stratégique que les deux groupes signeront à la rentrée.
L'accord signé lundi porte sur la poursuite de l'optimisation du réacteur de 3e génération EPR, sur l'amélioration de la maintenance et de l'exploitation du parc nucléaire existant, pour préparer l'allongement de la durée de leur exploitation au-delà de 40 ans, et sur la gestion du cycle du combustible nucléaire.
EDF et Areva ont assuré poursuivre par ailleurs leurs discussions sur le développement de réacteurs de moyenne puissance, dont l'Atmea.
"A travers ces accords, c'est un nouvel élan qui est donné à la filière nucléaire française", s'est félicité M. Oursel.
MM. Besson, Proglio et Oursel ont également lancé officiellement lundi le comité stratégique de la filière nucléaire, sous la présidence du ministre et dont le patron d'EDF est le vice-président.
Henri Proglio "devient un peu aujourd'hui le capitaine de l'équipe, il a à la fois le brassard et le n°10", s'est amusé M. Besson. Les divisions au sein de la filière nucléaire française avaient notamment été pointées du doigt lorsqu'un consortium français avait échoué dans un appel d'offres à 20 milliards de dollars à Abou Dhabi, il y a un an et demi.
Mais si les deux groupes ont mis en scène leur rapprochement, pas question --pour le moment du moins-- d'envisager une montée d'EDF au capital d'Areva, a déclaré le ministre de l'Energie dès le matin sur France Inter, une position réaffirmée dans l'après-midi en Saône-et-Loire.
L'hypothèse d'une montée d'EDF dans le capital d'Areva n'est "ni écartée ni pressentie. Simplement, il y a une filialisation en cours de l'activité mines d'Areva qui avait été actée et on verra qui entrera dans le capital", a affirmé M. Besson.
EDF détient à l'heure actuelle 2,2% du capital d'Areva.