La chancelière allemande Angela Merkel a minimisé la dépendance future de Berlin vis-à-vis du gaz russe en recevant le président Dmitri Medvedev lors d'un sommet quelque peu gâté par le retrait d'un prix "pour esprits éclairés" à Vladimir Poutine.
Mme Merkel a assuré que l'abandon programmé du nucléaire d'ici 2022 serait en grande partie compensé par des centrales à charbon ou des énergies renouvelables, jugeant dès lors que l'accroissement des livraisons gazières de Russie sera limité.
"Ceci n'est pas un discours anti-Gazprom, je veux juste dire que nos objectifs ne sont pas exagérés, c'est dans le domaine du raisonnable, et (les besoins restants) pourront sans aucun doute être couverts par Gazprom" le géant russe du gaz, a-t-elle dit.
"Plus le gaz russe sera bon marché et plus la probabilité sera forte qu'il soit acheté", a-t-elle conclu lors d'une conférence de presse.
L'Allemagne, avec 39 milliards de mètres cubes de gaz importé en 2010, est le premier client de la Russie en la matière.
Le vice-Premier ministre russe Viktor Zoubkov a toutefois relevé que la hausse des importations allemandes pourrait représenter un volume important. "S'il s'agit de 30-35% de gaz en plus, ce n'est pas mal du tout", a-t-il estimé.
La Russie aimerait développer des centrales électriques au gaz et augmenter ses livraisons à l'Allemagne, notamment via le gazoduc Nord Stream, dans la Baltique, qui doit être inaugurer en octobre.
Se tutoyant, Mme Merkel et M. Medvedev ont tenu a souligné leur bonne entente, également caractérisée par la signature d'une quinzaine d'accords cadre aussi bien politiques qu'économiques.
Les deux dirigeants ont souligné que l'Allemagne était un partenaire clé pour la politique de modernisation russe, le cheval de bataille de Dmitri Medvedev. Un des accords signés mardi vise à la création d'un centre de l'innovation à Moscou et un autre à créer un fonds d'un milliard d'euros pour les petites et moyennes entreprises russes.
Un bémol d'importance cependant: la vive critique du président russe, qui a qualifié de "lâcheté" la décision d'une organisation allemande de renoncer à remettre un prix à son mentor, le Premier ministre Vladimir Poutine.
"Si la décision est prise, elle est prise, et revenir dessus, c'est de la lâcheté et de l'inconsistance", a-t-il lâché devant la presse.
"Après une telle décision, c'en est fini de ce prix, du moins pour la communauté internationale", a conclu le président russe, avant de juger que cette polémique était "le mal de tête des Allemands".
Mme Merkel a minimisé l'importance de ce couac: "Quadriga n'est pas un thème pour lequel j'ai dû nous défendre" auprès des Russes, a-t-elle dit.
Le prix Quadriga, du nom du groupe sculpté surplombant la Porte de Brandebourg à Berlin, est décerné annuellement par une organisation privée qui récompense "des modèles exemplaires d'esprits éclairés et d'efforts pour le bien public". Elle avait sélectionné M. Poutine comme un des lauréats 2011.
Mais face à la multiplication des critiques relatives au bilan du dirigeant russe en matière de démocratie, l'organisateur a renoncé à décerner ses prix cette année.
Sur ce thème, Angela Merkel a souligné que les questions des droits de l'Homme et de la liberté de la presse en Russie avaient été abordées avec M. Medvedev.
"Au regard des élections (législatives et présidentielle) à venir, une situation équitable sur ce dossier est quelque chose d'important", a-t-elle jugé.