La Bourse de Paris a signé sa troisième séance de baisse consécutive lundi (-2,04%), tombant à son plus bas niveau depuis le début de l'année, plombée par les doutes des investisseurs sur la résolution de la crise de la dette en zone euro.
Le CAC 40 a perdu 75,88 points à 3.650,71 points, dans un volume d'échanges de 3,379 milliards d'euros.
Le marché parisien, qui tutoyait encore les 4.000 points le 1er juillet, touche son plus bas niveau en clôture en 2011, effaçant le précédent point bas du 16 mars à 3.696,56 points. Il est à un niveau plancher depuis le 30 novembre 2010 (3.610,44 points).
Parmi les autres places européennes, Francfort a perdu 1,55%, tout comme Londres et l'Eurostoxx 50 1,98%.
"Le marché parisien est très dépendant des marchés européens. Toutefois, ce ne sont pas des points bas qui vont nous sauver mais bien des décisions politiques sur la zone euro, qui ne cessent d'être retardées", souligne Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
Les investisseurs sont extrêmement dubitatifs quant à la résolution de la crise de la dette, à l'approche du sommet des dirigeants européens, prévu jeudi, qui doit boucler le deuxième plan d'aide à la Grèce. Les dirigeants européens doivent aussi se mettre d'accord sur le rôle que doivent jouer les banques dans ce plan de sauvetage.
"L'inquiétude générale domine avant la réunion de jeudi prochain", remarque M. Marçais, qui voit au sein du marché "beaucoup d'interrogations et de reproches en terme de réactivité notamment vis-à-vis de l'Allemagne".
Les divergences sont patentes entre l'Allemagne qui veut impliquer les créanciers privés dans le plan d'aide et d'autres acteurs, comme la Banque centrale européenne (BCE), qui souhaite éviter à tout prix un défaut de paiement de la Grèce.
Plus généralement, M. Marçais s'interroge sur "le pessimisme qui commence à s'installer avec les interrogations sur l'avenir de l'euro".
Les taux à 10 ans des obligations de la Grèce, de l'Espagne et de l'Italie ont atteint de nouveaux records lundi, les investisseurs craignant une contagion de la crise à ces deux derniers pays.
Les valeurs bancaires ont connu une nouvelle séance tumultueuse, car elles sont toujours en première ligne en cas d'aggravation de la crise de la dette. Elles sont aussi suspendues à la décision ou non d'impliquer les institutions financières dans le sauvetage de la Grèce.
BNP Paribas a perdu 3,64% à 43,63 euros, Crédit Agricole 3,57% à 8,17 euros, Dexia 4,31% à 1,71 euro, Natixis 4,63% à 2,99 euros et la Société Générale 5,48% à 32,80 euros. L'assureur Axa a lâché 5,40% à 12,88 euros.
"Tant que le sort de la Grèce n'est pas réglé, le marché va baisser et les banques seront les premières victimes", a souligné Christian Parisot économiste chez Aurel BGC.
Du coup, les résultats des tests de résistance, publiés vendredi soir, sont passés au second plan, même si les quatre banques françaises testées les ont réussis. Seules 8 banques européennes sur 90 testées ont échouées.
"Les tests de résistance n'intègrent même pas l'hypothèse d'une faillite d'un Etat. Or en cas de faillite d'un pays de la zone euro, le système financier ne tiendrait pas le coup", prévient M. Marçais.
Tous les secteurs ont souffert, autant dans la construction avec Saint-Gobain (-3,27% à 40,03 euros) que l'automobile avec Renault (-2,68% à 36,00 euros).
Alstom a cédé 4,79% à 38,09 euros, alors que le groupe français a essuyé un nouveau revers judiciaire dans sa bataille contre Siemens.
STMicroelectronics a perdu 2,29% à 6,14 euros, avant la publication de ses résultats du premier semestre, prévue après la clôture à Wall Street.
Hors CAC 40, Ubisoft a chuté de 15,27% à 5,43 euros après que Natixis a révisé à la baisse son objectif de cours sur cette valeur passant de 6 à 5 euros.
Dans le même secteur des jeux vidéos, Atari a dégringolé de 13,67% à 2,21 euros. Il a publié un chiffre d'affaires en chute de 36,1% à 9,2 millions d'euros, pour le premier trimestre de son exercice 2011/2012. Cette dégringolade, a expliqué le groupe, est due à sa réorientation vers les jeux en ligne et sur mobile.
Safran a souffert (-4,81% à 27,21 euros) après l'abaissement par Deutsche Bank de sa recommandation d'"acheter" à "conserver", a indiqué le courtier mentionnant le rôle défavorable du taux de change euro-dollar.
Hermes a pris 0,27% à 220,75 euros et Edenred a perdu 0,07% à 20,93 euros avant la publication de leur chiffre d'affaires respectif pour le premier semestre.