Le Fonds monétaire international a dévoilé mercredi un rapport sur la Grèce montrant qu'il comptait d'abord, avant d'engager son propre argent, sur de nouveaux engagements de l'Europe et sur des sacrifices des créanciers privés.
"Il ne faut rien considérer comme acquis", disait lundi la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, quand on lui demandait si l'institution allait remettre la main au portefeuille.
Le rapport d'étape sur le programme grec publié par l'institution mercredi a explicité sa pensée.
Dans son "Analyse de viabilité de la dette", le FMI revoit toutes ses projections budgétaires.
Il repousse au "second semestre de 2014", contre début 2012 jusqu'ici, le moment où la Grèce devrait de nouveau pouvoir emprunter sur les marchés de la dette à long terme. Par conséquent, et vu que la récession sera "un peu plus profonde et longue qu'attendu", les sommes qui devaient être levées sur les marchés devront venir d'ailleurs.
Cela viendra d'abord des partenaires européens d'Athènes. "Un soutien supplémentaire des Etats membres de la zone euro de 71 milliards d'euros est supposé jusqu'en juin 2014", ont écrit les fonctionnaires du FMI. Il s'ajouterait aux 80 milliards d'euros promis en mai 2010, dont 33,3 milliards restent à verser.
Ce viendra ensuite des créanciers privés de la Grèce, auxquels il sera demandé un effort, sous le terme officiel de "participation du secteur privé". Cette participation est évaluée à "33 milliards d'euros jusqu'en juin 2014" sous la forme de "réinvestissements volontaires et/ou extensions de maturités".
Le FMI est resté évasif quant aux modalités de cette opération, indiquant simplement qu'il la souhaite "ordonnée, préventive et exhaustive". Ces modalités sont l'objet depuis le début du mois de discussions intenses entre Européens, dont l'issue reste très incertaine.
"Le montant du soutien officiel dépendra de la réussite de l'initiative de participation du secteur privé", a écrit le FMI, sans préciser s'il se comptait parmi les éventuels contributeurs officiels.
Il donne une échéance de trois mois pour négocier les contours de cette participation, à savoir jusqu'au moment où le FMI devra examiner le versement d'une sixième tranche du prêt à la Grèce.
Mais dans l'hypothèse actuelle, "le prêt du Fonds reste à 30 milliards d'euros", a-t-il souligné. Quelque 12,5 milliards d'euros restent à débourser d'ici à mai 2013.
"En ce qui concerne la contribution du FMI, vous ne pouvez pas attendre de moi que je vous donne un chiffre parce que cela n'existe tout simplement pas", a expliqué lors d'une conférence téléphonique le chef de la mission du FMI en Grèce, Poul Thomsen.
Les Européens considèrent généralement que le FMI est censé contribuer à hauteur d'un tiers aux plans d'aide pour les pays de la zone euro. Le Fonds a pour sa part constamment répété qu'il n'avait jamais pris d'engagement en ce sens, et qu'il examinait chaque demande d'aide financière d'un Etat membre séparément.
Et pour le moment, "il n'y a pas de demande de nouveau programme" venue d'Athènes, a rappelé M. Poulsen.
Le FMI table désormais sur un recul du produit intérieur brut de 3,9% en 2011, et sur une dette publique à 153% du PIB en 2011, puis 172% du PIB à son pic en 2012.
Dans ces conditions défavorables, le Fonds a appelé le gouvernement grec à rester très ferme dans l'application des mesures réclamées par ses partenaires.
"Il est essentiel que les autorités mettent en oeuvre leur programme budgétaire et de privatisations dans les temps et avec détermination. Les dynamiques de la dette laissent peu de place aux dérives", a-t-il estimé.