Les ventes de textile-habillement ont baissé de 6% pendant la première quinzaine des soldes, un recul attribué par plusieurs professionnels aux problèmes de pouvoir d'achat ou à un trop-plein d'occasions d'acheter à prix barré tout au long de l'année.
L'Institut français de la mode (IFM), qui fait référence en la matière, a publié mardi ses chiffres provisoires sur les deux premières semaines des soldes, traditionnellement les plus actives de l'opération, qui dure cinq semaines.
Cette année, le démarrage a été avancé d'une semaine au 22 juin, un décalage qui "a peut-être eu un effet négatif", selon Charles Tillard-Tête, chargé d'études statistiques à l'IFM.
Les entreprises "n'avaient pas encore versé les salaires" et les gens ne disposaient peut-être pas du budget nécessaire "pour faire les soldes dès les premiers jours", avance-t-il.
Par ailleurs, le secteur avait bénéficié en amont des soldes de deux mois, en avril (+3,3%) et en mai (+3,2%), avec une météo favorable, d'où des achats qui ont pu être anticipés.
Pour certains circuits de distribution, les soldes restent une fête de la consommation, comme les grands magasins, qui affichent des hausses de plus de 10%.
"Il y a une réorientation des Français vers des articles à plus forte valeur ajoutée, c'est-à-dire qu'ils achètent moins en quantité et mieux en qualité", analyse Paul Delaoutre, directeur général de la branche grands magasins du groupe Galeries Lafayette.
Chez Monoprix, les ventes progressent entre 5 et 10%, tandis que chez les indépendants multimarques, l'évolution est évaluée entre 0 et +3%.
En revanche, les ventes ont reculé de 5 à 10% dans les chaînes et ont chuté de 15 à 20% dans les hypermarchés et les supermarchés.
"Les stocks étaient inférieurs cette année, donc forcément ça génère moins de chiffre d'affaires", selon Jean-Michel Silberstein, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC).
"Il y eu d'autres opportunités d'acheter avec des prix barrés dans la saison, les consommateurs ne comprennent peut-être pas forcément ce que les soldes apportent de plus", estime Sandra Vassy, secrétaire générale de la Fédération nationale de l'habillement (FNH, indépendants).
"On a un peu perdu du côté exceptionnel, magique des soldes, c'est dommage", ajoute-t-elle.
Les soldes sont de plus en plus concurrencés par les promotions, relève aussi dans une étude Yvon Merlière, directeur général du Crédoc, soulignant que pour les commerçants c'est plus avantageux en termes de marge.
Pour François-Marie Grau, secrétaire général de la Fédération française de prêt-à-porter féminin, "la déception est vive", après "un bon début le premier jours".
"Visiblement, on paie les problèmes de pouvoir d'achat", estime-t-il. "On paie le système de soldes flottants (deux semaines de soldes supplémentaires au choix des commerçants), qui affaiblit les soldes nationaux, on paie la montée en puissance d'internet, sur lequel on a très souvent des prix barrés, et puis les promotions, les ventes privées, tout ce système qui permet d'offrir des prix réduits en cours d'année", ajoute-t-il.
Les chiffres publiés par l'IFM n'incluent pas l'e-commerce.
Selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), les ventes sur internet ont grimpé de 15% lors de la première semaine des soldes.
Outre la tendance de fond de croissance des ventes en ligne, le secteur a probablement bénéficié de l'avancement de la date de démarrage, qui laissait davantage de temps aux consommateurs pour recevoir des colis avant de partir en vacances.