Le pétrole, durablement installé à plus de 90 dollars le baril, pèse lourdement sur le commerce extérieur des Etats-Unis, dont le déficit s'est fortement creusé en mai.
Le pétrole est au dessus de cette barre à New York depuis la fin février.
Le déficit commercial américain s'en ressent: depuis le début de l'année, il se monte à 46,9 milliards de dollars par mois en moyenne, contre 41,6 milliards au second semestre 2010.
En mai, selon des chiffres publiés mardi par le département du Commerce, ce déficit a franchi 50 milliards de dollars pour la première fois depuis octobre 2008, à 50,2 milliards.
Les importations ont été dopées par les achats de pétrole, dont la faiblesse avait surpris en mai.
Le prix moyen du baril importé a été le plus élevé depuis août 2008, à 108,70 dollars, et les Etats-Unis ont augmenté le volume de brut acheté à l'étranger de 9% par rapport au mois précédent.
Le déficit de la balance des produits pétroliers a été le plus élevé depuis octobre 2008, à 30,4 milliards de dollars, soit près de la moitié du déficit dans les biens.
Traditionnellement, "la hausse des cours du pétrole [...] atteint les chiffres [du commerce extérieur] avec un temps de retard", a rappelé Ian Shepherdson, de High Frequency Economics.
Mais même si le pétrole a baissé sur les marchés en mai, puis a été stable en juin, avec une facture de quelque 36 milliards de dollars par mois en produits pétroliers, il est inimaginable d'équilibrer la balance commerciale.
"Il y a beaucoup de similitudes entre le déficit de mai et les chiffres mensuels du déficit de l'été 2008, à savoir les effets du bond du prix des importations pétrolières", relève David Resler, de la maison de courtage Nomura. En l'espace de six mois, ce prix a gagné 36%.
Pour contrer cette hausse, les Etats-Unis ont décidé fin juin, avec les 27 autres pays membres de l'Agence internationale de l'énergie, de puiser dans leurs réserves stratégiques de pétrole.
Cette décision, motivée par l'indisponibilité durable du pétrole libyen, a provoqué le scepticisme des économistes et analystes aux Etats-Unis. La Libye ne faisait pas partie, même avant la guerre dans laquelle elle s'est enfoncée, des quinze plus grands fournisseurs de pétrole du pays.
Pour l'US Business and Industry Council, une association d'entreprises industrielles à actionnariat familial, il ne faut pas regarder plus loin que "le déficit dans le commerce des biens avec le Canada, riche en pétrole" pour comprendre l'ampleur du problème.
Le premier partenaire commercial des Etats-Unis a réalisé en mai un excédent commercial de 2,7 milliards de dollars avec son voisin. Il est le premier fournisseur des Etats-Unis en pétrole, avec depuis le début de l'année des livraisons journalières qui représentent presque la somme de celles des deux suivants, l'Arabie saoudite et le Mexique.
Le président Barack Obama a promis, comme beaucoup de ses prédécesseurs, de réduire la dépendance des Etats-Unis envers le pétrole étranger. En mars, il visait une réduction d'un tiers des importations pétrolières en dix ans.
Mais il affiche des résultats peu probants depuis sa prise de fonctions: les 280 millions de barils de brut importés mensuellement à son arrivée ne sont descendus aujourd'hui qu'à quelque 270 millions. Et ils coûtent nettement plus cher.
Le Fonds monétaire international a affirmé dans une étude sur la demande mondiale de pétrole publiée en avril que les pays consommateurs devaient se préparer à une raréfaction de l'or noir, l'offre n'ayant pas le potentiel de répondre à la hausse de la demande des économies émergentes.