Aux commandes d'Air France-KLM depuis 2009, Pierre-Henri Gourgeon devrait, sauf coup de théâtre, être reconduit jeudi pour un mandat de quatre ans, avec pour tâche de contrer la concurrence accrue des low-cost et surtout d'organiser sa succession, qui attise déjà les convoitises.
La procédure devrait se dérouler en deux temps avec d'abord un vote de l'assemblée générale, convoquée en début d'après-midi à Paris, pour renouveler le mandat d'administrateur de M. Gourgeon. Dans la foulée, le nouveau conseil d'administration sera appelé à le confirmer à son poste de directeur général.
Le choix de renouveler M. Gourgeon, après de longs mois de spéculations sur son possible remplacement, relève de la continuité mais tient aussi à la volonté de prendre le temps d'organiser la relève.
Celle-ci passera par une réorganisation de la gouvernance du groupe, afin de mettre à l'épreuve certains candidats à des postes stratégiques et des noms pour le "futur dauphin" circulent déjà.
En externe, la piste est évoquée d'une arrivée d'Alexandre de Juniac, directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy jusqu'à son départ au FMI. Fin 2010, M. de Juniac s'était porté candidat à la succession d'Anne Lauvergeon à la tête d'Areva mais sa candidature avait été retoquée par la commission de déontologie de la Fonction publique.
En interne sont avancés les noms de Bruno Matheu, directeur général adjoint d'Air France-KLM chargé du marketing, ou encore de Florence Parly, directrice du cargo et ancienne secrétaire d'Etat au Budget du gouvernement de Lionel Jospin.
En parallèle à la réorganisation, M. Gourgeon devra mener à bien son projet de bases de province destiné à augmenter la productivité pour contrer les compagnies low cost. La première sera lancée en octobre à Marseille.
Avions et personnels partiront directement de la cité phocéenne pour permettre à Air France-KLM de réduire ses coûts de 15% et baisser les prix de ses billets.
Pierre-Henri Gourgeon a pris la direction générale du groupe en 2009, en pleine crise et quelques mois seulement avant l'accident du vol Rio-Paris, "le bagne" pour un patron de compagnie selon ses propres mots.
"Un dirigeant de compagnie aérienne qui survit à une crise et à un crash, c'est assez rare pour être souligné", estime Eric Schramm, patron des pilotes d'Air France.
De sources proches du dossier, l'aval des actionnaires, notamment l'Etat français détenteur de 15,7% du capital, est acquis au patron sortant, malgré la récente polémique autour de la méga-commandes d'avions que doit passer le groupe cet été.
Une centaine de députés de tous bords ont signé le mois dernier une pétition pressant Air France de privilégier les appareils de l'avionneur européen Airbus face à ceux de son concurrent américain Boeing.
La proposition n'a pas semblé convaincre au sommet de l'Etat, où Nicolas Sarkozy a rappelé que le secteur aéronautique était confronté à la mondialisation et évoqué "l'absurdité qu'il y aurait à vouloir se replier sur nous-mêmes".
Jeudi, les actionnaires devront aussi approuver l'arrivée au conseil d'administration de l'ex-secrétaire général de l'Otan et ancien chef de la diplomatie des Pays-Bas Jaap de Hoop Scheffer. Son nom a été proposé par l'Etat néerlandais en remplacement de l'ancien commissaire européen Frits Bolkestein.
Aucun dividende ne sera versé, Air France-KLM privilégiant la poursuite de la réduction de son endettement. Fin mars, la dette nette du groupe s'élevait à 5,89 milliards d'euros.
En 2010/2011, Air France-KLM a dégagé un résultat net de 613 millions d'euros contre une perte de 1,56 milliard un an auparavant. Un redressement dû à la cession d'un tiers de sa participation dans Amadeus (système de réservations) qui lui a rapporté 1,03 milliard.