Comme chaque jour, retrouvez le point de vue d’un analyste financier. Aujourd’hui, zoom sur la valeur Pernod Ricard avec Jean-Maire Lhomé d’Aurel BGC.
Le groupe présentait hier son activité en Europe lors d’une conférence téléphonique. Rappelons que cette région (hors France) devrait représenter en 2010/11 environ 28% des ventes et 24% du résultat opérationnel courant. Le groupe estime que la croissance annuelle en volume pour les spiritueux « internationaux », c’est à dire ses principales grandes marques, devrait atteindre 7.5% sur la période 2010-2015. La consommation est élevée (4.2 litre par habitant contre 2.8 dans le Monde) mais les pays de l’Est offrent un fort potentiel de croissance, notamment pour les marques internationales et premium (au détriment des alcools locaux). L’Europe de l’Est et l’Afrique Moyen Orient (MEA) représente 1/3 des profits de la branche Europe. Sur les 9 premiers mois de l’exercice en cours, les ventes en Europe de l’Est ont progressé de 20.6% en organique alors que la région MEA enregistrait une hausse de 18.6%. La Russie, la Pologne ou la Turquie affichent d’excellentes performances et des gains de part de marché très significatifs, notamment grâce à Absolut, Chivas ou Ballantine’s.
Le marché reste difficile en Europe de l’Ouest avec un recul de 1.5% des ventes en organique sur les 9 premiers mois de l’exercice. Si l’activité est raisonnablement satisfaisante dans le nord de l’Europe (Allemagne notamment), les performances en Italie, en Espagne et surtout en Grèce sont décevantes. Pernod Ricard fait mieux que la concurrence mais ces marchés sont en net recul (-30% sur la Grèce, -5% sur l’Espagne, ..). Le marché britannique, très concurrentiel, fait aussi partie des difficultés. Les hausses de prix dans ces pays seront difficiles à faire passer d’après Pernod Ricard. En parallèle, le groupe maintient sa politique d’investissements publi-promotionnels soutenus, gage du soutien à la croissance en volume de ses marques premium. Ceux ci devraient ainsi retrouver les niveaux précédents la crise, à 16% du chiffre d’affaires (contre 15.5% en 2009/10 et 14% en 08/09).
Pernod Ricard reste une valeur défensive mais son niveau de valorisation actuel nous semble déjà intégrer le fort potentiel de développement dans les émergents. En parallèle, le retour des difficultés économiques sur les marchés matures risque de contrarier momentanément sa stratégie de prémiumisation. Nous maintenons notre opinion Conserver avec un objectif de cours de 62 euros.
Pernod Ricard est le n° 2 mondial de la production et de la commercialisation de vins et de spiritueux.