La France doit adopter une nouvelle politique industrielle et fiscale pour faire repartir au plus vite l'investissement des entreprises, en privilégiant l'éducation et les technologies vertes, estime le Conseil d'analyse économique (CAE) dans un rapport publié vendredi.
La crise a engendré une perte de produit intérieur brut (PIB) qui "ne sera pas ultérieurement récupérée", écrivent les économistes Philippe Aghion, Gilbert Cette, Elie Cohen et Mathilde Lemoine dans ce rapport remis au secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche.
"La crise a changé un certain nombre de choses: on a perdu en investissements, le stock de capital a vieilli, il faut faire en sorte que les entreprises investissent, avant même que les perspectives économiques s'améliorent", a souligné Mathilde Lemoine, lors d'un point de presse.
Les auteurs préconisent "une nouvelle politique industrielle", qui privilégierait le développement de "l'économie verte". Ils suggèrent aussi de "réorienter la fiscalité française" pour la mettre au service de la croissance.
Réduire les niches fiscales "les plus coûteuses et dont les effets sur l'emploi sont les moins évidents", comme la TVA réduite dans la restauration ou la défiscalisation des heures supplémentaires, permettrait selon eux de financer les dépenses dans la recherche et développement ou l'éducation.
"La crise a apporté de nouvelles contraintes en matière de dépenses publiques. Investir dans l'innovation, l'éducation et le capital humain est le moyen le plus sûr d'accroître notre potentiel de croissance", a estimé Mathilde Lemoine.
Selon les auteurs du rapport, une telle politique pourrait permettre des gains de 0,75 point de PIB par an sur plusieurs années.
Pierre Lellouche s'est réjoui que ce rapport s'intéresse à la politique industrielle. "Notre problème en France, c'est la réindustrialisation", a-t-il dit. En revanche, il a défendu la TVA réduite dans la restauration ou la défiscalisation des heures supplémentaires.