Déjà sous la menace d’une enquête de la Cour de justice de la République, la ministre de l’économie, candidate à la présidence du FMI, voit se profiler un nouveau péril.
L’affaire Tapie n’a pas fini de causer des tourments à Christine Lagarde. Alors qu’elle doit passer demain (jeudi) son grand oral devant le conseil d’administration du Fonds monétaire international, le procureur de Paris a ouvert à la mi-juin, une enquête préliminaire pour « abus de pouvoirs sociaux ». Cette procédure qui ne concerne pas directement la ministre, vise implicitement deux de ses subordonnés, Jean-François Rocchi, le président du Consortium de Réalisations (CDR), la structure publique où étaient cantonnés les actifs douteux de l'ex-Crédit Lyonnais et Bernard Scemama, ancien président de l'EPFR, entité qui contrôle le CDR. Ces deux personnes ont appliqué la décision de la ministre de l'Economie de recourir en 2007 à un arbitrage pour solder l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais.
En Juillet 2008, le tribunal avait condamné le CDR à verser 240 millions d’euros de réparation à Bernard Tapie, auxquels s’ajoutaient une centaine de millions d’euros d’intérêts et surtout 45 millions d’euros pour préjudice moral. Le parquet cherche à savoir si le CDR a favorisé les intérêts de Bernard Tapie en rajoutant la mention « préjudice moral » à la version finale non soumise au conseil d’administration. En effet le rapport de la Cour des comptes note que le compromis d’arbitrage signé le 16 novembre 2007 est différent du texte validé par le conseil d’administration.
Jean-François Rocchi avait démenti, fin mars, avoir contourné son conseil d’administration. A cet ajout « susceptible d’être qualifié de faux en écriture privé », se greffe « une accusation sur l’impartialité d’un des juges arbitres », selon le député Centre Charles de Courson par ailleurs membre de l’Etablissement public de Financement et de Réalisation, l’entité qui contrôle le CDR.
L’entourage de la ministre a estimé mercredi que cette nouvelle enquête ne révélait rien et comportait des erreurs.
Pierre Saussois.