La prime "dividendes", décriée par le patronat et les syndicats, a été votée mardi à l'Assemblée nationale, sous les critiques du PS, qui y voit un pur "affichage" du gouvernement sur le terrain du pouvoir d'achat des Français, thème de campagne du candidat Sarkozy en 2007.
"Vous avez une nouvelle fois inventé le coup de la prime, votre objectif est d'occuper l'espace médiatique avec une soi-disant réponse au problème du pouvoir d'achat", a attaqué le socialiste Alain Vidalies, juste avant un vote sans surprise (320 contre 208), en première lecture, du projet de loi rectificatif de la Sécurité sociale incluant le dispositif.
"En matière de pouvoir d'achat et de salaires (...) vous êtes des croyants non pratiquants!", a-t-il lancé à l'adresse du gouvernement.
Cette prime, annoncée à la mi-avril dans une certaine confusion sous l'appellation "prime à 1.000 euros", devrait tourner aux alentours de 700 euros en moyenne et toucher un quart des salariés selon les calculs du gouvernement.
Pour Jacqueline Fraysse (ex-PCF), le dispositif sera "facilement détourné" par les entreprises et "d'ailleurs, a-t-elle dit, les patrons ne s'en cachent même pas". Elle a aussi évoqué le cas du pétrolier Total, entreprise bénéficiaire échappant au dispositif car elle n'a pas versé de dividendes en hausse.
Il faut en effet que l'entreprise verse des dividendes en hausse sur les deux dernières années pour être dans l'obligation de verser la prime.
Depuis le début, syndicats et patronat sont vent debout contre ce texte, pour des raisons opposées. La présidente du Medef, Laurence Parisot, a demandé à ce que la prime ne s'applique qu'aux entreprises de plus de 500 salariés. "Deux millions de bénéficiaires en moins", a répondu Xavier Bertrand, ministre du Travail, pour lui opposer une fin de non-recevoir.
Dans la majorité, Francis Vercamer (Nouveau centre) a regretté que la prime ne concerne "que 4 millions de salariés du secteur marchand".
Au contraire, a défendu Alain Joyandet (UMP), c'est "une bonne chose pour les salariés, plusieurs millions en profiteront". Il a affirmé que les députés UMP avaient "plébiscité" la mesure.
Pourtant, cette prime a bel et bien suscité "réticences" et doutes dans les rangs de la majorité. Hervé Novelli, numéro 2 de l'UMP, avait ainsi prévenu qu'il s'abstiendrait si le seuil des 50 salariés ne changeait pas, avant de se raviser et de voter pour. Yannick Favennec, député UMP de la Mayenne, a lui voté contre.
L'opposition n'a eu de cesse de dénoncer une prime qui a "fondu comme neige au soleil", une "prime fantôme", "une aumône". Pour Roland Muzeau, porte-parole des députés PCF, elle n'est ni plus ni moins qu'"une belle arnaque".
Le montant et les conditions d'octroi de la prime sont fixés par la négociation, et unilatéralement le cas échéant. "A l'arrivée, la prime n'est plus obligatoire. Si les négociations échouent, il ne se passe rien !", a accusé M. Vidalies.
Le rapporteur UMP Yves Bur a expliqué pendant le débat qu'il souhaitait que le dispositif soit temporaire jusqu'à ce que les partenaires sociaux trouvent un accord. Depuis 2009, les négociations patinent sur ce sujet.
Les entreprises de moins de 50 salariés, pour qui le versement de la prime est facultatif, vont elles pouvoir conclure des accords d'intéressement pour une durée d'un an au lieu de trois actuellement.