Le gouvernement a esquissé mardi les grandes lignes du budget 2012, mais la simple poursuite de l'effort déjà engagé, de la suppression de 30.400 postes de fonctionnaires à la réduction des niches fiscales, est jugée insuffisante par certains parlementaires de la majorité.
Dans un rapport transmis à l'AFP, Bercy confirme ses objectifs de réduction du déficit public, qui devra passer de 7,1% du Produit intérieur brut (PIB) l'an dernier à 5,7% cette année, puis 4,6% en 2012 et trois pour cent, le plafond autorisé par les traités européens, en 2013. Le déficit s'établirait à deux pour cent en 2014.
Pour y parvenir et permettre à la dette publique de refluer à partir de 2013 après avoir culminé à 86,9% du PIB, le gouvernement promet "un effort de maîtrise durable des dépenses publiques" dans son rapport sur le débat d'orientation budgétaire, prévu la semaine prochaine au Parlement.
Selon la règle du non remplacement d'un départ à la retraite sur deux, il va ainsi supprimer encore 30.401 postes de fonctionnaires l'an prochain, un peu moins que prévu dans le budget pluriannuel adopté à l'automne.
"En 2012, le nombre de fonctionnaire de l'Etat devrait revenir à son niveau des années 1990, soit 150.000 de moins sur la durée du quinquennat", estime Bercy.
L'Education nationale sera la première mission touchée avec la perte annoncée de 14.000 postes supplémentaires. Le président Nicolas Sarkozy a toutefois assuré mardi qu'il n'y aurait "aucune fermeture de classe" dans les écoles primaires à la rentrée 2012, hors critères démographiques.
La Défense perdra près de 7.500 fonctionnaires, tandis que la mission Intérieur, Outre-Mer et Immigration sera amputée de plus de 3.600 postes.
La mission Justice gagnera à l'inverse 515 postes en 2012.
Le gouvernement va par ailleurs de nouveau appliquer la règle du gel en valeur des dépenses (hors charge de la dette et pensions) de l'Etat.
Tous les ministères seront de nouveau mis à la diète, seuls quelques "ajustements en hausse" permettant aux crédits de certaines missions, comme l'Ecologie ou l'Emploi, de baisser un peu moins que prévu.
Le gouvernement a aussi confirmé la réduction des dépenses de fonctionnement et d'intervention, de 2,5% en 2012, l'objectif étant une diminution de 10% entre 2010 et 2013.
De nouvelles coupes dans les niches fiscales sont par ailleurs prévues. En tout, les mesures nouvelles concernant les prélèvements obligatoires devront rapporter au minimum 3 milliards en 2012, après "plus de 11 milliards" en 2011. Mais ces mesures ne seront détaillées qu'en septembre et peuvent encore être revues à la hausse.
Si le Fonds monétaire international a récemment jugé que la réduction du déficit de la France reposait sur un "bon équilibre entre vitesse et faisabilité", plusieurs parlementaires sont plus pessimistes.
"Ce que prévoit le gouvernement pour l'an prochain, c'est huit milliards d'économies et au moins trois milliards de recettes en plus", a calculé Gilles Carrez, rapporteur de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, interrogé par l'AFP après une audition du ministre du Budget, François Baroin.
Mais "pour être certain de réduire le déficit à 4,6% en 2012", le député UMP propose "un effort supplémentaire de trois milliards sur les niches fiscales et deux milliards d'économies en plus".
"D'autant que l'objectif pour l'an prochain est beaucoup plus difficile à atteindre que cette année, car il n'y aura plus l'effet mécanique de la fin du plan de relance ou de la fin du grand emprunt", met-il en garde.
Même inquiétude chez le président centriste de la commission des Finances du Sénat, Jean Arthuis: "s'il n'y a pas un effort drastique sur les crédits d'intervention et de fonctionnement, je ne vois pas comment on atteindra l'objectif".