
Les présidents russe et chinois ont ouvert vendredi le Forum économique de Saint-Pétersbourg sans être parvenus à un accord sur un énorme contrat de livraison de gaz, tandis que la Russie et la France devaient y signer la vente de navires de guerre Mistral.
Dmitri Medvedev et son homologue Hu Jintao ont prononcé le discours d'ouverture de la quinzième édition de ce Forum, qui se veut une grand-messe des affaires, à l'instar du Forum de Davos, soulignant le rôle croissant des pays émergents dans l'économie mondiale.
Le président russe a répété la volonté de Moscou de mener à bien des réformes ambitieuses, de ne pas céder à la tentation du "capitalisme d'Etat" et de ne pas se contenter d'une stabilité pouvant mener à la "stagnation".
En dépit d'intenses négociations jusqu'à jeudi soir à Moscou entre M. Hu et le Premier ministre Vladimir Poutine, les deux parties ont échoué à trouver un accord sur un méga-contrat prévoyant des livraisons de gaz russe à la Chine de quelque 70 milliards de mètres cubes par an sur les trente prochaines années.
"Nous n'allons rien signer", a admis vendredi le vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev, cité par les agences russes.
Un aveu d'échec alors que Moscou et Pékin, qui ne peuvent s'entendre sur le prix du gaz, avaient fixé comme objectif de conclure cet accord lors du Forum.
Selon le site d'information gazeta.ru, Moscou propose un prix de 352 dollars les 1.000 mètres cubes, alors que Pékin offre 235 dollars, ce qui représenterait un manque à gagner de 7,6 milliards de dollars par an pour le russe Gazprom.
Le Forum doit être en revanche l'occasion pour la Russie de signer avec la France l'achat de puissants navires de guerre de classe Mistral.
La vente du Mistral, qui a suscité des critiques de la part de Washington ainsi que de voisins de la Russie comme les pays baltes ou la Géorgie, a elle aussi fait l'objet de longues et délicates négociations.
C'est en effet la première fois qu'un pays membre de l'Alliance atlantique doit livrer du matériel militaire "sensible" à Moscou.
Le contrat, d'un montant de plus d'1,1 milliard d'euros, doit être signé vers 17H00 locales (13H00 GMT) par des responsables du chantier français DCNS et du groupe public Rosoboronexport, a indiqué le patron des chantiers navals OSK, Roman Trotsenko, selon l'agence Ria Novosti.
Un porte-parole du ministère français de la Défense avait annoncé jeudi la signature "imminente" du contrat.
Cette source évoquait cependant un total de quatre navires, alors que les sources russes parlaient de la vente de deux bâtiments pour 1,1 milliard d'euros, construits en France, avec une éventuelle option à confirmer ultérieurement pour deux autres exemplaires à construire en Russie.
Au terme de délicates négociations sur le prix et les transferts de technologies exigés par les Russes, les deux parties avaient convenu en mai que deux exemplaires seraient construits par les chantiers français STX de Saint-Nazaire (ouest) et deux autres en Russie.
Long de 200 m et jaugeant 21.600 tonnes, le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral est capable de transporter des hélicoptères et des chars.
Plus encore que le prix de vente des Mistral et la répartition exacte du contrat entre les industriels des deux pays, la question des transferts de technologie a longtemps retardé la conclusion du contrat.