L'inflation a légèrement ralenti en mai en France, le coût de l'énergie diminuant pour la première fois depuis huit mois, mais cette pause, compensée par la hausse du prix de l'alimentation, pourrait n'être que temporaire et ne lève pas la menace sur le pouvoir d'achat.
Les prix à la consommation ont été quasiment stables (+0,1%) par rapport au mois précédent, alors qu'ils avaient augmenté de 0,3% en avril, a annoncé mercredi l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Ils ont progressé de 2% sur un an (après +2,1%).
Hors tabac, la progression est la même.
"L'inflation alimente bien des inquiétudes, mais elle reste contenue dans l'Hexagone", relève l'économiste Alexander Law, du cabinet d'études Xerfi.
Dans l'ensemble de la zone euro, les prix à la consommation ont augmenté plus vite en mai, de 2,7% sur un an, même s'ils ont aussi légèrement ralenti leur progression.
"Pour autant, la vigilance s'impose toujours", poursuit Alexander Law. "La faible évolution des prix est due en large partie à l'accalmie (peut-être temporaire) sur le front des matières premières."
Selon Camille de Williencourt, de la banque Natixis, "l'inflation devrait accélérer dans les prochains mois". Mathilde Lemoine, de HSBC, prévoit une poursuite des pressions inflationnistes "jusqu'à la fin du troisième trimestre".
Globalement, "hausses et baisses se compensent quasiment" en mai, explique l'Insee: "L'accroissement saisonnier des prix des produits frais est particulièrement marqué cette année" alors que "les prix de l?énergie et des services de transports et de communications sont en baisse".
Grâce à une baisse des cours du pétrole, les prix de l'énergie non seulement cessent leur flambée, mais "diminuent pour la première fois depuis huit mois", de 1,3% après avoir augmenté d'autant en avril. Sur un an, ils sont toutefois en hausse de 11,3%.
Les prix de l'alimentation grimpent, eux, de 1%. Après une baisse en avril, les produits frais repartent à la hausse de 3,4%, tirés notamment pas les fruits frais (+8,1%), et l'augmentation des cours des matières premières continue de se transmettre aux prix du café, du thé et du cacao, de l'huile, du pain et des céréales mais aussi de la viande.
"Cela pourrait particulièrement peser au deuxième trimestre sur la consommation des ménages, car ces derniers sont très sensibles à l'inflation des produits alimentaires", estime Mathilde Lemoine.
De la même manière, si "les tarifs pour les produits pétroliers ont reculé de 2% en mai", ils demeurent "supérieurs de 13,8% à leur niveau de l?année passée", note Alexander Law. "Ils continuent d?exercer une ponction sur le pouvoir d?achat des ménages" qui ont donc "un vrai sentiment d?érosion de leur capacité à consommer", ajoute-t-il.
Le pouvoir d'achat est en effet "substantiellement affecté par la hausse des prix, qui concernent les dépenses incompressibles", résume Camille de Williencourt.
Malgré ces craintes, le niveau de l'inflation ne justifie pas, aux yeux d'Alexander Law, une hausse des taux d'intérêt en ce qui concerne la France.
C'est tout le dilemme de la Banque centrale européenne (BCE), qui s'apprête vraisemblablement à relever les taux en juillet pour contenir l'inflation plus forte constatée dans l'ensemble de la zone euro. Pour cet économiste, cela "risque d'étouffer la fragile croissance dans l'oeuf et, surtout, de renforcer les difficultés des pays du bassin méditerranéen (Grèce, Portugal, Espagne...)".