Le conseil économique, social et environnemental (CESE) dresse un bilan sévère des deux premières années de fonctionnement de Pôle emploi, jugeant en particulier toujours "très insuffisant" l'accompagnement des demandeurs d'emploi, dans un projet d'avis rendu public mardi.
Un peu plus de trois ans après la loi sur le service public de l'emploi, suivie de l'ouverture au public en janvier 2009 de Pôle emploi né de la fusion des Assedic et de l'ANPE, "cette réforme n'a pas encore produit tous les résultats attendus", indique le rapport, examiné mardi et mercredi par l'assemblée du CESE.
"La mission d'accompagnement des demandeurs d'emploi demeure très insuffisante et le service aux entreprises encore perfectible", précise le document de la section travail et emploi du CESE présidée par Françoise Geng (CGT).
Certes, les auteurs prennent acte du contexte "peu favorable" dans lequel est intervenu le travail "considérable" de fusion de l'ANPE et du réseau opérationnel de l'assurance chômage, avec la dégradation brutale de l'emploi et une très forte hausse des demandeurs.
Mais ils estiment que la restructuration a été "peu préparée" et reste "inachevée".
Ils notent qu'aucune étude d'impact n'a eu lieu préalablement à la réforme, "conçue comme potentiellement source d'économies" de gestion et, par contrecoup, de moyens supplémentaires pour le suivi des demandeurs d'emploi.
En fait, "la réorganisation des réseaux" a même été "génératrice de surcoûts", avec notamment une augmentation des coûts de fonctionnement immobilier jusqu'en 2015.
Mais surtout le projet d'avis épingle "un accompagnement insuffisant des demandeurs d'emploi", qui "apparaît moins efficace" qu'en Allemagne et au Royaume-Uni, et devait pourtant "constituer une mission essentielle de Pôle emploi". "En termes de retour à l'emploi des chômeurs", l'efficacité du service public de l'emploi est également "limitée".
Notamment parce qu'un certain nombre d'engagements ne sont pas tenus ou apparaissent "inadaptés" comme le délai de quatre mois entre l'inscription d'une demandeur à Pôle emploi et le premier entretien de suivi mensuel personnalisé.
Au nombre de ses 22 recommandations pour "renforcer le service public de l'emploi", l'avis préconise de "limiter de manière notable la taille des portefeuilles des conseillers de Pôle emploi", de personnaliser davantage le service aux demandeurs, d'accentuer l'offre de formation et d'améliorer le service d'indemnisation.
Pour cela, il faut "accroître les moyens de Pôle emploi", alors que "le désengagement de l'Etat met à mal (son) autonomie budgétaire" et en "rénover la gouvernance", avec davantage de poids pour les partenaires sociaux.
Même du côté des employeurs, Pôle emploi pourrait mieux faire comme l'atteste la "faible part" des offres d'emploi qu'il collecte -autour de 17%.
Les usagers ne sont pas les seuls pris en compte: le CESE se penche aussi sur les difficultés engendrées par la réforme pour les personnels de Pôle emploi, recommandant notamment de veiller aux "les risques psychosociaux des agents" et d'engager une réflexion sur l'évolution des métiers.