Face à l'approche d'une méga-commande d'avions long-courrier par Air France-KLM, une centaine de députés français pressent la compagnie d'acheter européen même si le scenario qui s'annonce pencherait davantage pour un achat panaché entre des Airbus et des Boeing.
Le député UMP Bernard Carayon a lancé une pétition, rendue publique mercredi, pressant Air France de choisir l'Airbus A350 plutôt que des appareils 787 de l'américain Boeing pour sa prochaine commande géante d'une centaine d'appareils, attendue cet été.
Jeudi, près de 100 députés --sur les 577 que compte l'hémicycle--, de droite du centre et de gauche avaient déjà signé ce texte. Bernard Carayon est un spécialiste des questions liées au patriotisme économique. Il est élu du Tarn, limitrophe de la Haute-Garonne où se trouve le siège toulousain d'Airbus.
Dans la foulée, le secrétaire d'Etat aux Transports Thierry Mariani a expliqué à l'AFP que le gouvernement serait "attentif à ce que l'industrie française soit bien sûr prise en compte" dans cette commande.
L'Etat français détient 15,7% du capital d'Air France-KLM.
Selon M. Mariani, le député veut "attirer l'attention sur le fait que l'industrie nationale ne doit pas être négligée parce que (...) sur les long-courriers, Airbus est pour le moment sous-représenté".
Sur sa flotte long-courrier, Air France-KLM dispose en effet de 73 Boeing pour 35 Airbus. La compagnie franco-néerlandaise possède en revanche uniquement des Airbus pour ses moyen-courriers.
Mais, selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP, la commande "sera sans doute un résultat équilibré entre les deux constructeurs".
"De manière générale, les grands groupes privilégient une composition équilibrée et partagée entre les deux constructeurs", a-t-elle ajouté.
Air France-KLM explique de son côté travailler à cet achat "depuis de longs mois à partir de critères économiques objectifs et en toute indépendance".
"Airbus a toujours entretenu de bonnes relations avec Air France. Le choix des flottes se fait sur des critères économiques et nous ne discutons pas des conditions de négociation avec NOS clients", indique de son côté l'avionneur européen.
La compagnie franco-néerlandaise veut notamment remplacer les Airbus A340 d'Air France et les MD11 (Boeing) de KLM.
La facture de cette commande s'élèvera à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Selon un calcul effectué par l'AFP à partir des prix catalogue, si Air France commande 50 A350 et 50 B787, la facture sera supérieure à 25 milliards de dollars.
Air France avait déjà passé une commande panachée entre des Boeing 777 et des Airbus A340 à la fin des années 90, remarque un observateur du secteur qui a requis l'anonymat.
"Ce n'est pas idiot dans la mesure où une compagnie a l'obsession de choisir un avion qui correspond exactement à la ligne qu'elle utilise et au nombre de passagers qu'elle espère avoir sur cette ligne", a-t-il ajouté.
Dans le cas d'une telle commande, la compagnie s'engage pour 20 ou 25 ans, il est donc crucial pour elle d'avoir "le produit qui colle parfaitement, en rayon d'action et nombre de places, à son besoin", selon lui.
Air France-KLM pourrait annoncer sa commande en juillet, après le salon du Bourget --qui s'ouvre le 20 juin aux portes de Paris-- et la reconduction officielle du patron de la compagnie dans ses fonctions.
Le renouvellement du mandat de Pierre-Henri Gourgeon sera soumis au vote des actionnaires lors de l'Assemblée générale du groupe, le 7 juillet.