L'Opep se prépare à discuter d'une éventuelle hausse de sa production lors d'une réunion très attendue mercredi à Vienne, ont laissé entendre plusieurs ministres mardi, mais les tensions politiques sur la Libye et la fermeté affichée par l'Iran rendront tout compromis difficile.
"Si le marché a besoin que l'on pompe davantage de pétrole, je pense que nous pouvons le faire", a indiqué aux journalistes le ministre angolais du Pétrole Jose Botelho de Vasconcelos, précisant qu'une éventuelle hausse des quotas serait débattue mercredi.
Plusieurs délégués de pays du Golfe, cités par des médias ce week-end, avaient déjà laissé la porte ouverte à un possible relèvement des quotas de l'Opep, inchangés depuis deux ans et demi.
Les quotas de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui regroupe 12 pays et pompe 40% du pétrole mondial, sont fixés à 24,84 millions de barils par jour (mbj) depuis janvier 2009.
Le comité ministériel de l'Opep, qui réunit traditionnellement une poignée de ministres aux côtés du secrétaire général de l'Opep à la veille de chaque réunion du cartel, a recommandé mardi un relèvement de 1 million à 1,5 mbj des quotas, selon une source proche des discussions citée par Dow Jones Newswires.
Un tel relèvement répondrait à la pression des pays consommateurs, dont l'Agence internationale de l'Energie (AIE) s'est faite le porte-voix.
Elle a réclamé à plusieurs reprises ces dernières semaines une augmentation de l'offre de brut de l'Opep, afin d'éviter que la récente flambée des cours du baril au-dessus des 100 dollars ne compromette une reprise économique mondiale encore convalescente.
"Nous avons étudié les incertitudes liées à la demande", a confirmé mardi soir le gouverneur du Nigeria à l'Opep, Goni Musa Sheikh, pointant la croissance économique "moins forte qu'attendu" des pays de l'OCDE. "Notre mission est de stabiliser les prix", a renchéri M. Botelho de Vasconcelos.
Sur le front de l'offre, "le marché du pétrole, après le deuxième trimestre de cette année, sera un peu tendu", a souligné quant à lui le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis Mohamed ben Dhaen al-Hamili.
Cependant, "un simple ajustement" ne suffira pas à rassurer les marchés, ont averti les analystes de Barclays Capital, notant qu'"un relèvement de 1,5 mbj mettrait les quotas en adéquation avec l'actuel niveau de production de l'Opep et ne permettrait même pas de compenser" l'arrêt des exportations libyennes.
La production réelle des Etats membres de l'Opep était en avril de 1,3 mbj supérieure aux quotas impartis par l'Opep, selon l'AIE.
Un accord au sein du cartel mercredi pourrait de toute façon être compromis par la fermeté de ses membres les plus conservateurs --Venezuela, Irak et surtout l'Iran, qui assure cette année la présidence de l'organisation.
Mohammed Ali Khatibi, représentant iranien à l'Opep, a indiqué lundi à la télévision d'Etat de Téhéran qu'il n'y avait "aucun besoin d'augmenter la production de l'Opep" et que le marché était "équilibré".
Les tensions politiques autour de la Libye devraient également venir compliquer les débats.
Le régime du colonel Mouammar Kadhafi sera représenté mercredi par Omran Aboukraa, ancien président de la compagnie libyenne d'électricité, a indiqué mardi à l'AFP une source proche de l'Opep.
Or, plusieurs membres du cartel soutiennent ouvertement les insurgés hostiles à Kadhafi: les Emirats ont participé aux frappes de l'Otan, le Qatar s'est engagé à commercialiser le brut produit par les rebelles, et le Koweït leur a promis fin mai un important soutien financier.