Le Bélarus, pays ex-soviétique à l'économie dirigiste, a obtenu samedi un crédit de trois milliards de dollars sur trois ans auprès de ses partenaires de l'ex-URSS, dont la Russie, qui doit l'aider à sortir de la crise financière dans laquelle il est plongé depuis des mois.
L'octroi de ce prêt a été décidé lors d'une réunion à Kiev, en Ukraine, des ministres des Finances de la Communauté économique eurasiatique (CEE), qui regroupe six républiques ex-soviétiques - le Bélarus, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Russie, le Tadjikistan et l?Ouzbékistan.
"Nous avons étudié la question d'un crédit pour le Bélarus à hauteur de trois milliards de dollars s'étalant sur trois ans. (...) Notre réponse a été positive", a déclaré le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, après la réunion.
Il a précisé que la première tranche du crédit, de 800 millions de dollars, sera versée d'ici 15 jours au Bélarus, puis une autre tranche de 440 millions de dollars d'ici la fin de l'année 2011.
De son côté, Dmitri Peskov, le porte-parole du Premier ministre russe Vladimir Poutine, cité par les agences de presse russes, a renchéri que le Bélarus recevrait bien 1,2 milliard de dollars la première année, puis 800 millions la deuxième et enfin un milliard la troisième.
En contrepartie, Minsk va néanmoins devoir procéder à d'importantes privatisations, a souligné M. Koudrine.
Le Bélarus doit "effectuer des privatisations à hauteur de 7,5 milliards de dollars d'ici trois ans, soit 2,5 milliards (de privatisations) par an", a-t-il déclaré.
Le ministre russe des Finances avait déjà répété à plusieurs reprises que procéder à des privatisations était l'une des conditions nécessaires pour obtenir le prêt, rendant les perspectives du crédit incertaines du fait des réticences du président bélarusse, Alexandre Loukachenko.
Le Bélarus est confronté à la plus grave crise depuis l'arrivée au pouvoir d'Alexandre Loukachenko il y a près de 17 ans, alors que récemment encore Minsk se targuait de faire figure de "miracle économique" au sein de l'ex-espace soviétique.
Désormais, le pays est plombé par un déficit commercial abyssal, et a vu ses réserves en devises se réduire comme peau de chagrin, conséquences notamment de la hausse progressive des prix des matières premières fournies par la Russie et des dépenses effectuées lors de la campagne pour la présidentielle de décembre 2010.
Les autorités ont été contraintes d'assouplir à plusieurs reprises depuis le début de l'année leur politique monétaire, avec pour point d'orgue une dévaluation massive du rouble bélarusse la semaine dernière et le relèvement du principal taux de la Banque centrale de deux points, à 16%.
Ces mesures étant toutefois insuffisantes pour redresser la barre, Minsk a dû se tourner vers la CEE pour obtenir un crédit et cette semaine le pays s'est également adressé au Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un autre prêt allant jusqu'à 8 milliards de dollars.
Selon le ministre bélarusse des Finances, Andreï Kharkoviets, cité par l'agence russe Ria Novosti, le crédit du FMI est "nécessaire" et il espère pouvoir parvenir un accord d'ici l'automne.
"Je pense qu'ensemble les ressources du fonds anticrise de la CEE et du FMI vont pouvoir stabiliser la situation" dans le pays, a-t-il déclaré, selon des images de la télévision russe.
Le FMI avait déjà accordé en janvier 2009 un prêt de 3,5 milliards de dollars à ce pays d'Europe orientale, et s'était déclaré prêt, en novembre 2010, à octroyer un nouveau crédit en cas de besoin.
Mais c'était avant que le régime du président Alexandre Loukachenko ne fasse l'objet de nouvelles sanctions de l'Union européenne en raison de la répression de l'opposition depuis décembre dernier.