La baisse des cours du pétrole brut n'a été répercutée que très partiellement dans les prix payés par les automobilistes à la pompe, souligne la direction de la concurrence (DGCCRF) dans un rapport publié lundi, alors que le gouvernement menace de recourir à des sanctions.
"Si nous ne recevons pas des explications appropriées qui justifient le non respect de l'engagement des pétroliers (de répercuter sur les prix à la pompe les cours du pétrole, ndlr), nous prendrons des mesures", a prévenu dimanche la ministre de l'Economie Christine Lagarde, affichant la fermeté "extrême" du gouvernement.
Elle n'a pas exclu des sanctions ou une baisse des prix autoritaire, alors que ces derniers sont actuellement proches de leurs records historiques.
Dans la foulée de ces déclarations, l'association de consommateurs CLCV a demandé lundi un "plafonnement des prix du carburant".
De son côté, le groupe pétrolier Total envisage d'augmenter le nombre de ses stations à bas prix, pour vendre du carburant à un "prix très proche" de celui des supermarchés, a indiqué son directeur de la distribution en France, Jérôme Paré, au quotidien La Tribune à paraître mardi. "Entre 2002 et 2009, les ventes aux particuliers dans l'enseigne Total ont chuté de 40% ", selon lui.
Mme Lagarde a brandi cette menace de contrôle des prix à la suite de la remise d'un rapport rédigé par la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Dans cette enquête portant sur la période du 2 au 15 mai, la répression des fraudes souligne que la baisse des prix du pétrole a été répercutée "sur le gazole dans des proportions allant de 50% à 70% suivant les catégories de réseaux" de stations-service (majors du pétrole, grande distribution, indépendants).
Pire, "le potentiel de baisse n'a pas ou peu été répercuté sur le SP95-E10", pointe l'administration.
Interrogé par l'AFP, le président de l'Union française des industries pétrolière Jean-Louis Schilansky s'est dit "surpris".
"On ne voit pas de dysfonctionnement dans le marché", a-t-il affirmé.
"Tirer des conclusions aussi vastes sur une aussi courte période mérite pour le moins une discussion. Il faut prendre des périodes plus longues et plus significatives", a-t-il jugé.
Dans son rapport, la DGCCRF elle-même note que ses conclusions "ne préjugent pas des résultats d'une observation sur plus long terme".
"Ces accusations sont tout à fait injustes", a renchéri Alexandre de Benoist, délégué général de l'Union des importateurs indépendants pétroliers (enseignes Carrefour, Casino, Cora et Auchan).
"Le marché des carburants en France est un des plus concurrentiels d'Europe, avec des enseignes qui se battent pour des marges de l'ordre du centime", a-t-il affirmé.
Plus de 60% des ventes d'essence ou de gazole sont effectuées en France par les enseignes de la grande distribution, qui se servent des carburants comme produits d'appel, en pratiquant des marges faibles.
Le 2 mai, la grande distribution affichait ainsi des marges de 2,1 centimes/litre pour le SP95, quatre fois moins élevées que chez les majors du pétrole, selon la DGCCRF.
D'une manière générale, la répression des fraudes remarque que les marges "peuvent être considérées comme globalement habituelles" pour le gazole et "basses" pour le SP 95.
Le litre de super sans plomb 95 s'est vendu 1,5154 euro la semaine dernière en France tandis que le gazole valait 1,3146 euro/litre, selon les relevés de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC).