
Le gratin du web, réuni à Paris pour l'e-G8, achève mercredi deux jours de discussions focalisées sur les aspects économiques de l'industrie numérique, avant d'envoyer jeudi une délégation de ses plus illustres représentants devant les chefs d'Etats du G8 à Deauville.
L'intervention la plus attendue est celle de Mark Zuckerberg, fondateur du réseau social Facebook, qui précédera la session de clôture.
Lors des ultimes débats sous la luxueuse tente dressée dans le jardin parisien des Tuileries, les organisateurs doivent dégager des pistes de réflexion à présenter aux chefs d'Etat et de gouvernements du G8 (26-27 mai).
Ce "message", qui ne sera pas forcement consensuel, sera porté en mains propres par Mark Zuckerberg, Maurice Lévy (Publicis), Hiroshi Mikitani (Rakuten), Stéphane Richard (Orange-France Télécom), Eric Schmidt (Google) et le milliardaire russe Yuri Milner.
Invitée mercredi matin à donner sa "liste de souhaits" en direction du G8, la commissaire européenne en charge des nouvelles technologies, Neelie Kroes, s'est félicitée du fait que c'était "la première fois qu'internet figurait au programme officiel du G8".
Cependant, "il ne suffit pas de mettre le sujet à l'agenda, il faut une mise en application dans la vie quotidienne", a-t-elle dit.
Mardi, les conclusions compilées ont relevé qu'internet constituait un "accélérateur de croissance pour l'économie et exprimaient le souhait que le rôle des gouvernements soit "d'apporter aux citoyens l'accès à internet et d'en réguler le contenu".
Une autre idée est qu'internet ne sert pas "seulement à rassembler de l'information" mais permet de former des communautés qui ont plus "d'influence".

"La gouvernance globale doit être basée sur la coopération car le +business+ seul ne peut pas résoudre les problèmes, tout comme ne le peuvent pas la société civile ou les gouvernements", ont également jugé les organisateurs mardi.
Les intervenants ont admis que si "la technologie a tendance à réduire les frictions et les coûts avec un large potentiel pour défendre les valeurs démocratiques, elle peut aussi être arme dangereuse entre les mains" de certaines personnes.
Mardi, le président Nicolas Sarkozy avait lancé un appel à un encadrement moral et réglementaire du web.
Les premiers débats de mercredi ont de nouveau mis en relief les divergences entre les gouvernements voulant réglementer, et des entrepreneurs réclamant un maximum de liberté.
"Il y a une loi folle en France sur le piratage", a jugé Xavier Niel, patron de Free, en référence à la Haute Autorité pour la Diffusion des Oeuvres et la Protection des droits sur Internet.
"Les réponses des gouvernements sont toujours bénéfiques aux personnes déjà en place. Elles ne favorisent pas l'innovation", a souligné pour sa part Lawrence Lessig, professeur de droit à Harvard.
"L'Etat doit favoriser l'innovation mais pas intervenir lui-même", lui a répondu le ministre français de l'Economie numérique, Eric Besson.
Des représentants de la société civile, comme la Quadrature du Net, Reporters sans Frontières et des militants américains, ont déploré ne pas être écoutés au cours des débats.
Bien que certains d'entre eux soient invités à des tables-rondes, ils se disent déçus de la teneur des débats et disent avoir du mal à trouver leur place entre monde économique et gouvernements.
"On veut s'assurer que d'autres voix vont être entendues au cours de ce e-G8", a ainsi assuré Susan Crawford de l'ICANN, l'organisme chargé de réglementer les noms de domaine de l'internet.