En repli de 0,74% à 28,14 euros, EDF enregistre la plus forte baisse du CAC 40 devant Alcatel-Lucent. Ces deux valeurs sont les seules de l'indice à évoluer dans le rouge. Les investisseurs réagissent négativement à l'information de presse selon laquelle le Commission de régulation de l'énergie n'entérinerait pas le prix de gros de l'électricité nucléaire qu'EDF revendra à ses concurrents à partir du 1er juillet. Les observateurs rappellent que l'avis du CRE, le gendarme des pratiques du secteur, n'est que consultatif. Néanmoins, il est révélateur de ce que pense le régulateur de la situation.
Le CRE n'est pas le seul à remettre en cause l'arbitrage du gouvernement. Lundi 16 mai, le conseil supérieur de l'énergie, qui rassemble les acteurs concernés par ce dossier, a également jugé le prix de 42 euros trop élevé.
En réalité, la Commission européenne tranchera. Depuis le début des discussions sur la loi Nome, Bruxelles indique que le texte, tout comme ses décrets d'application, seront examinés pour vérifier la réelle volonté de la France d'ouvrir son marché de l'électricité à la concurrence.
Mi-avril, après de long mois de suspens, le gouvernement a fait une grande avancée dans le processus d'ouverture du marché en fixant les conditions de rachat de l'électricité nucléaire d'EDF par ses rivaux: ce sera 40 euros le mégawattheure (MWh) à partir du 1er juillet, puis 42 euros à partir du 1er janvier 2012.
Les pouvoirs publics n'ont pas suivi la recommandation du haut fonctionnaire Paul Champsaur. Dans un rapport commandé par l'Etat, celui-ci préconisait que le prix moyen de l'Arenh (accès réglementé à l'énergie nucléaire historique) s'établisse à environ 39 euros le mégawattheure (MWh).
Ce chiffre était sensiblement inférieur au seuil défendu par EDF, qui estimait à 42 euros le MWh le coût complet du nucléaire (exploitation, maintenance, investissements futurs...). Mais il était aussi largement supérieur au prix souhaité par les concurrents d'EDF de 35 euros le MWh.
"Il s'agit de sécuriser l'approvisionnement des Français, de conforter EDF qui est une entreprise majeure pour notre électricité, et de tenir compte pour l'avenir par précaution des travaux qu'EDF pourrait être amené à engager après la catastrophe de Fukushima et après l'audit de NOS centrales nucléaires", avait expliqué à l'époque le ministre de l'Industrie et de l'Energie Eric Besson.
En arbitrant en faveur d'EDF, l'Etat s'est placé dans une situation ambiguê dans la mesure où les tarifs de l'électricité devraient mécaniquement progresser du fait de sa décision. Or le gouvernement a prévu un plafonnement des prix de l'électricité d'ici à l'élection présidentielle de mai 2012 pour éviter le mécontentement de l'opinion publique.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- EDF est le leader du marché français de l'électricité et un des leaders européens de l'énergie avec de fortes positions, au Royaume-Uni et en Italie ;
- Le groupe présente un beau potentiel de développement car les besoins énergétiques futurs sont énormes : d'ici une dizaine d'année, 1 milliard de personnes devraient accéder à l'électricité dans le monde ;
- En mettant la main sur British Energy, EDF devient le principal acteur de la relance du nucléaire en Grande-Bretagne. Cela répond à sa volonté de devenir le premier acteur mondial dans ce domaine ;
- EDF est considéré, grâce à ses filiales Edison et EDF Energy, comme un véhicule pour jouer la convergence du marché européen de l'électricité ;
- EDF a mis fin à l'automne 2010 au conflit qui l'opposait à son partenaire américain Constellation Energy, alors que les marchés redoutaient une longue bataille procédurale. EDF va donc pouvoir poursuivre son développement aux Etats-Unis ;
- Même si depuis 2007 le marché français est ouvert à la concurrence, le leadership d'EDF n'est, pour le moment, pas menacé du fait de prix de revient très compétitifs grâce à ses réacteurs nucléaires ;
- La cession, surprise, de sa participation de 45,01% dans le quatrième groupe énergétique allemand, EnBW, au Land de Bade-Wurtemberg, permet à EDF d'alléger son endettement de 7 milliards d'euros.
=/Les points faibles de la valeur/=
- L'intervention de l'Etat, qui détient près de 85% du capital, brouille la visibilité. La décision, début avril, des pouvoirs publics de limiter la hausse des tarifs de l'électricité à 2,9 % d'ici au 30 juin 2012, alors que la direction du groupe et les analystes financiers avaient établi leurs prévisions de résultats sur des hausses annuelles de 4 % à 5 % par an pendant plusieurs années, en est une parfaite illustration ;
- Cette annonce a précipité début avril la valeur au seuil de ses plus bas historiques. La valeur est loin de son cours d'introduction de 32