Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a indiqué mardi que la Russie était prête à accorder plus de six milliards de dollars sous forme de crédit à son pays, confronté à une crise financière majeure.
"Je viens de discuter avec le président russe Dmitri Anatolievitch Medvedev, il m'a appelé. Nous négocions avec la Russie sur un crédit de stabilisation pour soutenir le cours du rouble bélarusse", a déclaré M. Loukachenko, dans des propos retransmis par son service de presse.
Moscou serait prêt à accorder "environ 3,1 milliards de dollars si, évidemment, nous signons avec eux un accord approprié", a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions sur cet accord.
Par ailleurs, la Russie serait prête à verser trois milliards de dollars en paiement d'avance sur l'achat de produits bélarusses, selon M. Loukachenko.
"Au total, cela fait six milliards et quelques, c'est suffisant pour cette année non seulement pour stabiliser la situation mais aussi pour avoir de solides réserves en or et devises".
Un peu plus tard, le Premier ministre bélarusse, Mikhaïl Miasnikovitch, a confirmé que les négociations étaient presque "terminées" sur deux crédits totalisant entre 6 et 6,5 milliards de dollars.
Pour sa part, le Kremlin s'est contenté de dire dans un communiqué que M. Medvedev et M. Loukachenko avaient "échangé leurs avis sur des thèmes bilatéraux clés".
Mercredi, le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, avait indiqué que seul un crédit d'un milliard de dollars était envisagé pour Minsk cette année - contre trois milliards initialement prévus - et qu'il serait accordé non pas par Moscou mais par la Communauté économique eurasienne, regroupant plusieurs ex-républiques soviétiques.
Il avait par ailleurs invité le Bélarus à procéder à des privatisations massives et à s'adresser au Fonds monétaire international pour plus d'argent.
Le Premier ministre bélarusse a laissé entendre mardi que Minsk pourrait s'adresser au FMI.
"En juin, ce Fonds effectuera une nouvelle mission au Bélarus. Cette question n'est pas à l'ordre du jour, mais en fonction du rapport qui sera préparé par la mission, nous pouvons prévoir un développement des relations avec cette organisation internationale reconnue", a-t-il dit.
Le Bélarus, un pays d'Europe de l'Est tenu d'une main de fer par Alexandre Loukachenko au pouvoir depuis près de 17 ans, est confronté depuis plusieurs mois à une crise financière majeure. Plombé par un déficit commercial abyssal, il voit ses réserves en devises se réduire comme peau de chagrin.
Dépourvue de ressources naturelles, cette ex-république soviétique à l'économie dirigiste est très dépendante des importations, exporte peu et la consommation interne n'est pas à même de combler l'écart.
Face à cette situation, les autorités ont déjà assoupli à plusieurs reprises depuis le début de l'année leur politique de change, procédant de fait à une dévaluation rampante.
M. Loukachenko, critiqué pour les dépenses faites lors de sa campagne pour la présidentielle de décembre dernier et sa politique d'octroi de crédits avantageux, a souligné que malgré tout, l'économie du pays connaissait une croissance élevée.
"Bien sûr, nous manquons un peu de moyens, dans la mesure où les prix du pétrole, des matières premières, des composants sont encore élevés", a-t-il reconnu.
"Mais ce sont des difficultés passagères, et j'aimerais que le gouvernement et la Banque nationale ne comptent pas uniquement sur des emprunts, parce que nous allons devoir les rembourser. C'est pourquoi il faut vivre selon nos moyens", a-t-il dit.