Les valeurs bancaires sont une fois de plus pénalisées à la bourse de Paris. Dans le courant de la matinée, Crédit Agricole, Société Générale et BNP Paribas reculent respectivement de 2,12%, de 1,99% et de 1,66%. Ces variations pèsent sur l'indice CAC 40, qui recule de 1,03% dans le même temps. La tendance est identique ailleurs en Europe, avec un recul de 1,53% de l'indice DJStoxx européen des banques. Le repli des valeurs financières s'explique par un regain de craintes concernant la dette souveraine en zone euro.
Les ministres des Finances des pays de la zone euro se réunissent lundi et mardi à Bruxelles alors que Dominique Strauss-Kahn, directeur du Fonds monétaire international (FMI) a été inculpé ce week-end à New York pour agression sexuelle et tentative de viol. Le FMI ainsi que l'Union européenne devraient se pencher dans les semaines à venir sur l'octroi d'une éventuelle nouvelle aide internationale à destination de la Grèce, voire selon certaines rumeurs sur une restructuration de la dette du pays.
L'euro s'échange à 1,4123 dollar après avoir touché cette nuit un plus bas de 1,4046 dollar ; un plus bas de sept semaines.
Les trois principales banques françaises ont publié récemment leurs résultats. BNP Paribas a enregistré un bénéfice net de 2,6 milliards d'euros au premier trimestre, en hausse de 14,6% par rapport à la même période en 2010. Les analystes tablaient en moyenne sur un chiffre de 2,24 milliards d'euros seulement. Le produit net bancaire de l'établissement est ressorti à 11,6 milliards d'euros, en hausse de 1,3%.
Crédit Agricole SA, le véhicule coté de Crédit Agricole, a réalisé au premier trimestre 2011 un résultat net part du groupe de 1 milliard d'euros contre 470 millions sur la même période un an auparavant. Ils avaient alors été affectés par le poids des activités en cours d'arrêt et par la cession d'une partie de la participation dans Intesa Sanpaolo. Selon Reuters, les analystes attendaient en moyenne un chiffre de 992,5 millions d'euros.
Société Générale a publié pour sa part un bénéfice net de 916 millions d'euros, en baisse de 14% là où les analystes attendaient environ un milliard d'euros. Le produit net bancaire a progressé de son côté de 0,6% à 6,61 milliards d'euros. Ce résultat s'explique, par l'impact à hauteur de 239 millions d'euros de la réévaluation des dettes liées au risque de crédit propre en raison de l'amélioration du spread émetteur du groupe. Sans cette dépréciation, le bénéfice net se serait élevé à 1,15 milliard d'euros.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- BNP Paribas est devenue une véritable banque européenne depuis le rachat de Fortis et la première banque de dépôt du continent. Avec deux marchés domestiques en plus, le groupe a 540 milliards d'euros de dépôts, soit la base la plus importante de la zone euro. Il devient aussi numéro 1 en banque privée et numéro 4 en gestion d'actifs pour la zone euro ;
- Ce leadership lui permet de bénéficier d'une situation de liquidité favorable et d'être peu dépendant du marché interbancaire ;
- BNP Paribas fait partie des groupes bancaires de taille mondiale qui ont le mieux traversé la crise ;
- Le modèle économique de BNP Paribas repose sur un juste équilibre entre banque de détail, banque d'investissement et gestion d'actifs ;
- Anticipant le nouveau cadre réglementaire « Bâle III », le groupe a pris soin d'augmenter ses fonds propres, afin d'éviter notamment une augmentation de capital ;
- Le groupe redistribue environ un tiers de ses résultats en dividende.
Les points faibles de la valeur
- Bien que sortie renforcée de la crise, par comparaison aux autres acteurs du secteur, le titre de la banque est très volatil en Bourse à l'image de l'ensemble du secteur financier depuis 2008 ;
- Les inquiétudes sur le secteur sont persistantes. Même si les règles annoncées par le Comité « Bâle III » mi-septembre 2010 ont soulagé, avec des ratios prudentiels dans le bas de la fourchette des attentes, les marchés s'interrogent sur la validité des « stress tests » (tests de résistance) menés en Europe. Certains estiment qu'ils minimisent le risque pris par certaines institutions ;
- Les inquiétudes sur la dette souveraine des Etats périphériques de la zone euro pèsent également sur la valeur. Mais les engagements commerciaux de BNP Paribas en Grèce et son exposition à la dette du pays sont très limités par rapport à la taille de la banque ;
-La banque ne souhaite pas modifier son « mix business » en faveur des pays émergents ;
=/Comment suivre la valeur/=
- Le retour sur fonds propres (ROE), qui mesure la rentabilité des banques, est l'un des ratios clé du secteur ;
- En tant que valeur financière le titre est influencé par une série d'éléments : (i) les taux d'intérêt dont l'évolution dépend des politiques monétaires (notamment des banques centrales européenne et américaine), (ii) l'état des Bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, (iii) les niveaux de consommation et d'épargne des ménages qui auront un impact sur les performances de la banque de détail ;
- Le coût du risque reste à surveiller ;
- Surveiller également la mise en place du dispositif «de Bâle III» qui oblige les banques à augmenter leurs fonds propres pour résister aux crises. Le Comité exige que les établissements financiers affichent d'ici au 1er janvier 2019 un ratio de solvabilité Tier 1 (le noyau dur des capitaux propres des institutions financières) d'au moins 4,5%, contre 2% jusque-là. Un matelas supplémentaire de 2,5% est également exigé. Ce qui porte le pourcentage total à 7%.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Deux changements importants vont avoir un impact sur l'avenir des banques françaises. Premièrement, elles vont être soumises à une nouvelle taxe dès l'année prochaine. La taxe bancaire, qui s'appliquera à une vingtaine de banques, établissements de crédit et entreprises d'investissement, abondera le budget de l'Etat à hauteur de 504 millions d'euros l'an prochain. A cela s'ajoutera une augmentation de la participation des établissements financiers au fonds de garantie des dépôts, à hauteur de 90 millions d'euros supplémentaires en 2011, 2012, puis 2013, soit 270 millions en tout. En 2013, les autorités estiment que plus de 1 milliard d'euros de recettes supplémentaires sera prélevé auprès des banques. De plus, de nouvelles normes prudentielles vont voir le jour avec la finalisation de l'accord Bâle III, applicable à l'HORIZON 2019. L'objectif est de relever de 2% à 7%, d'ici 2019, le ratio de solvabilité bancaire. Ce ratio rapporte les fonds propres d'un établissement à ses engagements dans l'économie. Plus il est élevé plus les prises de risques sont limitées.