Après que la ferveur populaire provoquée par l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden soit retombée, les premières questions se posent, et particulièrement sur le rôle ambigu du Pakistan.
Comment Ben Laden a-t-il pu trouver refuge dans la ville d’Abbottabad, véritable ville garnison, à seulement à 50 kilomètres de la capital, Islamabad? D’autant plus que sa villa était située à quelques encablures d’une prestigieuse académie militaire. Il s'agit d'un revers cinglant pour le Pakistan dont les autorités, civiles et militaires, ont toujours refusé de reconnaître que le chef d'Al-Qaida pouvait se trouver au Pakistan. A l’instar du général Ashfaq Kayani, le chef des armées pakistanaises, qui avait prononcé il y a quelques semaines un discours triomphaliste, affirmant que le Pakistan «avait brisé les reins aux forces du terrorisme». Une attitude qui a renforcé la méfiance des autorités américaines. Ces dernières, en capturant seules Ben Laden, ont pris en quelque sorte le Pakistan en flagrant délit de mensonge.
L' Inter-Services Intelligence (ISI, services secrets pakistanais) a déclaré dans un premier temps avoir participé à l’opération, ramenant par la suite sa contribution « à des renseignements efficaces ». L’ambassadeur pakistanais aux Etats-Unis précise «qu’il est évident que Ben Laden disposait d'un réseau de soutien. Toute la question est de savoir si ce réseau se trouvait au sein du gouvernement, de l'Etat pakistanais ou de la société pakistanaise». Une enquête complète sera ouverte.
Pierre Saussois