Inondé de candidatures spontanées, le groupe SNCF (maison-mère et filiales), qui vise 9.000 embauches en 2011, rencontre néanmoins des difficultés de recrutement en raison de la technicité de certains métiers et des exigences imposées par la continuité du service.
"Nous avons reçu 88.600 candidatures spontanées lors du premier trimestre 2011, c'est deux fois plus qu'en 2010 sur la même période!", a confié François Nogué, directeur des ressources humaines, en présentant une campagne de communication lancée cette semaine.
Les embauches doivent se faire pour moitié dans la maison-mère (transport de voyageurs) et pour moitié dans les filiales privées. Keolis (transport urbain) cherche 3.500 personnes, dont 90% de conducteurs de bus et tramways, en région parisienne, en Rhône-Alpes, à Bordeaux et Lille. Geodis (marchandises) vise 1.000 embauches, dont 400 chauffeurs routiers et 400 opérateurs de logistique.
Car ces dernières années, le groupe SNCF est devenu un groupe de transport multimodal (rail/route), au sein duquel l'établissement public SNCF reste le principal maillon, mais pas celui qui grandit (ni en chiffre d'affaires, ni en effectif).
En 2011, le solde des départs et des embauches dans la maison-mère (155.000 cheminots environ) sera d'ailleurs encore négatif avec plus de 1.800 postes supprimés. Le groupe lui compte désormais plus de 235.000 personnes.
"Nous renouons avec une politique de recrutement plus ambitieuse et avons, sur un total de 9.000 embauches prévues en 2011, encore 8.000 postes à pourvoir", a précisé le DRH, pour qui cet objectif est "un véritable défi".
Le paradoxe est frappant: malgré un énorme afflux de CV, la SNCF peine à trouver son bonheur parmi ces candidats spontanés.
Plusieurs explications sont avancées par la direction, au premier rang desquelles "la technicité de beaucoup de métiers" dans la maintenance des voies et du matériel roulant, en plus des conducteurs et des responsables de la circulation.
Dans ces filières, la SNCF recrute à tous les niveaux: Bac, Bac+2, licence professionnelle, ingénieurs.
"Mais il y a une concurrence forte entre entreprises dans ces métiers techniques", note François Nogué.
Pour Thierry Nier de la CGT-cheminots, le niveau des salaires est aussi en cause. "Les jeunes diplômés veulent être payés à la hauteur de leur qualification", estime-t-il.
"Il y a aussi beaucoup de travail en extérieur pour l'entretien des voies, cela ne plaît pas à tout le monde", note le directeur des ressources humaines.
Autre facteur décourageant pour nombre de candidats: les contraintes d'emplois du temps imposées par la nécessité d'assurer un service 365 jours par an parfois à des horaires décalés.
"Quand vous faites venir des jeunes à une présentation et que vous leur dites qu'il faut aussi travailler le week-end, certains jours fériés, commencer à 05H00 du matin, ou travailler une partie de la nuit, beaucoup ne reviennent pas", affirme M. Nogué.
Thierry Nier (CGT) confirme: "beaucoup de candidats découvrent lors des premiers entretiens que le service public, c'est sept jours sur sept et 365 jours par an".
Pour les conducteurs de trains, s'ajoutent aussi les exigences de la formation (rigueur, bonne santé).
Enfin, la moitié des 9.000 postes à pourvoir le sont en Ile-de-France où "le marché du recrutement est très tendu", souligne François Nogué.
Le groupe ira même présenter ces offres à des ouvriers de PSA du site d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en phase de restructuration.
Et le DRH de conclure sur une note plus attrayante: "l'ascenseur social est une réalité chez nous, 50% de nos cadres ont commencé comme des non-cadres".