Le président Barack Obama a réclamé mardi de "petits sacrifices" aux contribuables américains les plus aisés pour réduire les déficits et la dette, tout en jurant qu'il ne voulait pas "punir le succès".
Face à des étudiants de l'université de Virginie du Nord à Annandale dans la banlieue sud de Washington, première de trois interventions publiques en autant de jours pour défendre sa stratégie budgétaire, M. Obama a répété sa volonté de "mettre fin aux allègements d'impôts pour les Américains les plus riches" énoncée la semaine dernière.
"Que ce soit clair, ce n'est pas parce que nous voulons punir le succès. J'imagine que beaucoup de jeunes dans cette salle vont devenir riches, et c'est très bien. Nous le voulons. Nous voulons que vous fondiez une entreprise et que vous créiez des emplois pour donner du travail à d'autres", a-t-il affirmé.
Mais "il va falloir demander à tout le monde de faire des sacrifices. Et si nous demandons des sacrifices aux centres de formation professionnelle, si nous demandons à des gens de faire des sacrifices qui pourraient signifier moins de services publics dans leurs quartiers, alors nous pouvons demander aux millionnaires et aux milliardaires de faire des petits sacrifices", a poursuivi M. Obama.
Lui-même millionnaire grâce à ses livres, M. Obama a confié avoir sur le ton de la plaisanterie avoir tiqué en recevant sa feuille d'impôts: "il y a un moment où vous découvrez le montant que vous acquittez, et vous vous dites +Waouh! Je vais réfléchir à ma position sur l'imposition des riches!+".
"Personne ne dira qu'il est ravi de payer davantage d'impôts. Mais c'est une question de valeurs (...) je ne pense sûrement pas que mes impôts devraient être plus faibles", a ajouté le président, qui a versé un demi-million de dollars au fisc au titre de 2010, selon la Maison Blanche.
M. Obama a conclu en décembre un compromis avec ses adversaires républicains, vainqueurs des élections législatives de la mi-mandat, en acceptant une prolongation des cadeaux fiscaux hérités de son prédécesseur George W. Bush, y compris pour les contribuables les plus aisés.
Mais face à un déficit budgétaire annuel de 1.600 milliards de dollars et une dette dépassant 14.200 milliards, M. Obama s'est dit décidé à mettre fin à ces dispositions lorsqu'elles expireront fin 2012, en faisant un thème dominant de la campagne en vue de la présidentielle de novembre 2012 à laquelle il s'est déclaré candidat.
Les républicains majoritaires à la Chambre des représentants ont présenté une stratégie budgétaire prévoyant de remettre en cause le financement des acquis sociaux, ainsi que de nouveaux allègements fiscaux pour les contribuables les plus aisés et les entreprises.
Eric Cantor, chef de la majorité à la Chambre, s'est élevé contre toute augmentation de la pression fiscale. "Le projet du président d'augmenter les impôts constitue une attaque frontale contre les créations d'emploi et l'innovation, qui pourrait faire repartir notre économie en marche arrière", a-t-il affirmé.
M. Obama mène cette semaine une offensive de communication tous azimuts pour défendre sa stratégie budgétaire. Il se rendra mercredi au siège de Facebook en Californie (ouest) pour répondre aux questions des internautes sur le sujet, avant une réunion publique le lendemain dans l'Etat voisin du Nevada, à Reno.