Les Bourses américaines Nasdaq OMX et IntercontinentalExchange ont tenté de rassurer les actionnaires de NYSE Euronext, en proposant un dédommagement si leur rachat du propriétaire des Bourses de Paris et de New York n'était pas validé par les régulateurs.
Les deux groupes n'ont pas changé les termes de l'offre soumise en début de mois aux actionnaires de l'opérateur transatlantique, ainsi valorisé à 11,4 milliards de dollars, en titres et en numéraire.
Ils estiment que leur offre est de 21% supérieure (2 milliards de dollars de plus) que le projet de fusion défendu par l'allemande Deutsche Börse.
Mais le Nasdaq et l'ICE ont assorti leur offre de dédommagements de 350 millions de dollars versés aux actionnaires de NYSE Euronext au cas où ils n'obtiendraient pas les accords des autorités de la concurrence.
Cette mesure vient en réponse aux inquiétudes de certains observateurs des marchés financiers, qui estiment que l'opération pourrait se heurter à une fin de non-recevoir de la part des autorités américaines. Ce rachat aboutirait en effet au rapprochement du New York Stock Exchange et du Nasdaq et créerait donc un monopole sur la cotation d'actions aux Etats-Unis.
Cela "démontre à quel point nous sommes convaincus que nous allons obtenir tous les accords nécessaires de la part des régulateurs", ont indiqué les groupes dans un communiqué.
La transaction qu'ils proposent "renforcerait la confiance des investisseurs dans les marchés boursiers américains, ébranlée par la fragmentation", ont-ils jugé. La diversité des plateformes d'échanges est un facteur mis en cause dans le "krach éclair" du 6 mai 2010 à Wall Street, au cours duquel l'indice Dow Jones avait chuté de plus de 9% en séance.
La transaction "préserverait la concurrence dans l'Union européenne" en matière d'échanges de produits dérivés: Deutsche Börse et NYSE Euronext y disposent d'importantes activités dans les produits dérivés.
Nasdaq et ICE ont indiqué avoir présenté leur offre aux régulateurs américains, qui doivent l'étudier "sous peu".
Ils ont également indiqué s'être assurés des financements de 3,8 milliards de dollars de la part d'un groupe d'institutions financières.
Ces annonces "démontrent notre engagement à poursuivre cette transaction et illustre à quel point notre proposition est supérieure. Cela devrait aussi éliminer toute inquiétude du conseil d'administration de NYSE Euronext", a jugé le directeur général de Nasdaq OMX, Robert Greifeld.
Les deux groupes américains avaient annoncé le 1er avril le lancement d'une offre pour contrer celle de Deutsche Börse. Elle avait été rejetée dix jours plus tard par le conseil d'administration de NYSE Euronext.
"Vu les commentaires que nous avons reçus des actionnaires de NYSE Euronext, nous sommes plus confiants que jamais dans le fait que la transaction proposée par Nasdaq OMX et ICE est meilleure pour eux, pour les marchés et pour les clients des plateformes", a indiqué de son côté Jeffrey Sprecher, le PDG de ICE.
Autre gage donné par les deux groupes, ils ont promis de conserver "le nom et le parquet mythiques du NYSE".
L'opérateur groupe transatlantique a "confirmé avoir reçu" la nouvelle proposition. "Le conseil d'administration de NYSE Euronext va l'étudier en temps utile", a-t-il indiqué dans un bref communiqué.
Deutsche Börse s'est refusé à tout commentaire.
De son côté, le président de Paris Europlace Gérard Mestrallet a souligné dans un entretien avec Les Echos que "le contenu du projet stratégique" du Nasdaq restait "encore flou".
En dépit des "ouvertures" qui ont été faites, son offre prend les nécessités du marché europée "de manière insuffisante", a regretté M. Mestrallet, au nom des entreprises utilisatrices de la Bourse de Paris.
Nasdaq et ICE proposent un démantèlement de leur cible, le premier récupérant les activités de cotation et échanges d'actions (Bourses de New York, mais aussi Stockholm, Copenhague, Reykjavik, Helskinki...) et le deuxième les activités de produits dérivés.
Deutsche Börse veut de son côté créer un géant des échanges financiers, qui serait la premier groupe boursier de la planète. Le groupe fusionné serait détenu à 40% par les actionnaires du NYSE Stock Exchange et à 60% par ceux du groupe allemand.
L'action NYSE Euronext gagnait 0,68% à 38,58 dollars vers 15H40 GMT à la Bourse de New York. Nasdaq cédait 0,65% à 27,39 dollars et ICE 0,43% à 119,32 dollars.