Le gouvernement portugais démissionnaire et l'opposition ont décidé mercredi d'ouvrir des négociations discrètes afin de tenter de dégager un compromis politique sur le futur programme d'austérité, condition préalable pour que le pays puisse bénéficier d'une aide financière.
"Les institutions internationales attendent, à la fin de ce processus de dialogue et de négociation, un compromis du gouvernement et des autres forces politiques afin que le Portugal puisse s'engager, indépendamment du résultat des élections du 5 juin", a déclaré à la presse Pedro Silva Pereira, ministre porte-parole du gouvernement.
M. Silva Pereira a appelé à la "réserve" dans cette phase de discussions, faisant valoir que "des négociations sur la place publique nuisent aux intérêts nationaux".
Les négociations entre le gouvernement, qui sera représenté par M. Silva Pereira, et les partis de l'opposition doivent permettre de trouver un compromis sur le futur programme d'austérité d'ici la mi-mai. C'est l'une des exigences de l'UE et du FMI pour aider le pays, menacé de rupture de financement.
La situation du Portugal, troisième pays de la zone euro, après la Grèce et l'Irlande, à solliciter une aide financière, a encore été compliquée par la crise politique, ouverte le 23 mars par la démission du Premier ministre socialiste José Socrates, désavoué par le rejet au parlement d'un nouveau programme d'austérité.
Des élections législatives anticipées sont prévues le 5 juin.
Lundi prochain, des négociations doivent s'ouvrir à Lisbonne entre le gouvernement et des représentants de la "troïka" (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI) afin de définir le montant et les conditions du plan de sauvetage.
Auparavant, des experts des trois institutions ont été dépêchés à Lisbonne. A pied d'oeuvre, dans la plus grande discrétion, depuis mardi, ces techniciens, qui travaillent avec "plusieurs ministères portugais", devraient avoir terminé leur "mission d'évaluation" vendredi, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la représentation de la Commission européenne au Portugal.
Mercredi, le chef du Parti social-démocrate (PSD, centre-droit), Pedro Passos Coelho, a réaffirmé qu'il était prêt à soutenir les efforts du gouvernement, tout en réclamant une "mise à plat" préalable de la situation financière du pays, à l'issue d'un entretien avec M. Socrates.
Si le président du PSD, favori des sondages, n'a pas, cette fois-ci, fait référence à une aide "intercalaire" qu'il avait défendue précédemment, cette idée a été reprise par les leaders du CDS, parti minoritaire de droite, comme du Parti communiste.
Le secrétaire général du PCP, Jeronimo de Sousa, a ainsi jugé "profondément illégitime" que le gouvernement démissionnaire "assume des engagements à plus ou moins long terme".
Paulo Portas, président du CDS, a quant à lui estimé que le gouvernement sortant devait "traiter de ce qui est urgent" tout en "gardant l'essentiel", en particulier le programme de réformes à engager, pour après les élections.
A Bruxelles, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a réaffirmé qu'il n'existait "pas de possibilité de financement intercalaire" pour aider le Portugal appelant à "les décideurs politiques" à prendre "leurs responsabilités".
Pour le Portugal, un accord mi-mai est indispensable, l'Etat devant rembourser au 15 juin une échéance de dette de près de 5 milliards d'euros, qu'il pourra difficilement emprunter sur les marchés en raison des taux d'intérêt prohibitifs exigés par les investisseurs.