La ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a souhaité lundi que "le jetable devienne ringard" en matière de consommation comme dans le monde de la finance, soulignant qu'une "croissance verte" nécessitait de rompre avec "le court-termisme".
"On est dans une société beaucoup trop +court-termiste+", a estimé la ministre à l'issue de la présentation d'un rapport proposant des mécanismes pour financer une "croissance verte" et attirer des investissements privés en relais des financements publics notamment issus du Grenelle de l'Environnement.
"On achète des produits qu'on jette le lendemain, tout est jetable et c'est pareil dans les finances : les financiers veulent des produits sur des horizons de plus en plus courts avec des taux de rentabilité de plus en plus élevés", a-t-elle regretté, souhaitant que "le jetable devienne ringard".
"Ce n'est pas comme ça qu'on peut financer la croissance verte. Pour financer la croissance verte, il faut pouvoir s'engager sur le long terme", a-t-elle poursuivi.
"Ce n'est pas forcément faire acte d'altruisme, cela peut être tout à fait rentable, mais il faut un autre regard sur ce qu'est la croissance", a plaidé NKM, qui participera le 11 avril à New York à une conférence sur le financement innovant dans la lutte contre le changement climatique.
Interrogée sur la nécessité d'instaurer une "taxe carbone", Mme Kosciusko-Morizet a rappelé qu'elle était "favorable à une fiscalité écologique" qui "est dans le sens de l'histoire".
Dans son rapport, le Conseil économique pour le développement durable (CEDD), qui rassemble 25 économistes, estime que "les investissements privés doivent être plus nombreux" pour développer une croissance plus respectueuse de l'environnement et n'épuisant plus les ressources naturelles.
Les auteurs plaident notamment pour "des dispositifs financiers de partage des risques permettant de mieux combiner financements privés et publics".
Le rapport insiste également sur la nécessité de développer l'investissement socialement responsable (ou fonds éthiques) pour mieux orienter l'épargne vers des projets socialement et écologiquement plus "durables".
Les économistes relèvent enfin l'importance d'un "prix écologique" pour inciter le consommateur à acheter des produits ayant un plus faible impact sur l'environnement. "Ce +prix écologique+ doit être intégré dans le calcul de la rentabilité des investissements", estiment-ils.
"Les politiques publiques doivent désormais gérer deux types de rareté, la rareté des ressources et la rareté de financements", a expliqué Alain Quinet, l'un des économistes ayant contribué à ce rapport, appelant à corriger les "défaillances" des marchés pour "réhabiliter le long terme".