La Bourse de New York, remise de ses frayeurs face aux troubles dans le monde arabe et au séisme au Japon, va profiter d'une semaine peu chargée en indicateurs économiques pour se préparer à la publication des résultats d'entreprises plus tard dans le mois.
"Quand on voit ce qu'on a traversé au premier trimestre -tremblement de terre, tsunami, guerre civile- le marché a probablement été freiné par tout cela. Maintenant, il rattrape son retard, parce que l'attention se tourne vers les résultats de sociétés", commente Marc Pado, de Cantor Fitzgerald.
Sur la semaine écoulée, le Dow Jones, indice de 30 valeurs vedettes de Wall Street, a progressé de 1,28%, terminant vendredi à 12.376,72 points.
Il a atteint vendredi en séance son plus haut niveau depuis juin 2008, sans parvenir à s'y maintenir, finissant sous son pic de mi-février en clôture.
Le Nasdaq, à dominante technologique, est monté de 1,70% à 2.789,60 points, et l'indice élargi Standard & Poor's 500 de 1,42% à 1.332,41 points.
"Même si les combats se poursuivent en Libye, il n'y a pas eu d'informations indiquant que la situation s'aggrave de manière spectaculaire. Le réacteur au Japon est peut-être sous contrôle, ou peut-être pas, mais une fois de plus, la situation ne semble pas empirer. Ce sont les deux facteurs qui ont influencé le marché depuis un mois, donc toute absence de nouveau développement est considérée comme une bonne nouvelle", constate Gina Martin, de Wells Fargo Securities.
"Dans le même temps, les indicateurs économiques sont assez bons aux Etats-Unis", ajoute-t-elle.
L'optimisme des investisseurs quant à la reprise américaine a été conforté vendredi par les statistiques mensuelles de l'emploi, comme toujours très attendues.
Avec 216.000 emplois créés en mars et un taux de chômage au plus bas depuis mars 2009 (à 8,8%), elles ont dépassé les attentes, déjà positives, des économistes.
Ces chiffres ont éclipsé les quelques déceptions du reste de la semaine, notamment sur le marché immobilier, mais aussi la baisse surprise des commandes à l'industrie et une chute du moral des ménages.
"On pourrait avoir un jour ou deux de prises de bénéfices, mais ce ne sera rien d'autre qu'une opportunité de renforcer ses positions" sur le marché, estime Marc Pado.
"Les sociétés disposent d'importantes liquidités, la saison des résultats de sociétés va commencer: personne ne veut vendre", poursuit-il.
Les entreprises ne commenceront à rendre publics leurs comptes des trois premiers mois de l'année qu'à partir de la mi-avril, mais "on va probablement avoir des annonces anticipées, cela pourrait exercer une certaine influence sur le marché lors d'une semaine relative peu chargée en indicateurs économiques", avance Gina Martin.
Les investisseurs réagiront essentiellement mardi à l'indice ISM d'activité dans les services, ainsi qu'aux minutes de la dernière réunion de la banque centrale américaine (Fed), le même jour.
Plusieurs interventions de responsables de la Fed seront par ailleurs surveillées, à un moment où l'amélioration du marché de l'emploi pourrait pousser l'institution à lever le pied sur ses massives mesures de relance.
Selon Mme Martin, le marché suivra aussi l'actualité politique à Washington, où les parlementaires doivent se mettre d'accord sur le budget 2011. Faute d'accord, les services non essentiels de l'administration fermeront après le 8 avril.
Avec une actualité économique qui s'annonce moins chargée, les indices boursiers new-yorkais pourraient se montrer plus sensibles aux événements géopolitiques dans le monde arabe, qui ont fait grimper le baril de brut à plus de 108 dollars vendredi à New York, un niveau inédit depuis septembre 2008.