L'agence de notation Fitch a rétrogradé de trois crans vendredi la note souveraine du Portugal à BBB-, dernier palier avant la catégorie "spéculative", estimant moins probable que le pays bénéficie d'une aide extérieure avant les prochaines élections législatives anticipées.
"La dégradation sévère de trois crans de la note souveraine du Portugal reflète essentiellement les préoccupations de Fitch quant au fait qu'une aide extérieure en temps utile est moins probable dans le court terme après l'annonce d'élections le 5 juin", a expliqué Douglas Renwick, directeur des notes souveraines chez Fitch, dans un communiqué.
C'est "très exagéré", a affirmé le président portugais Anibal Cavaco Silva dans des déclarations aux médias, ajoutant que pour lui "la situation portugaise ne justifie pas" un tel abaissement.
Toute nouvelle baisse de la note souveraine du Portugal rétrograderait le pays dans la catégorie "spéculative", réservée aux émetteurs d'obligations les moins susceptibles de rembourser leurs dettes. Fitch a déjà expédié la Grèce dans cette catégorie le 14 janvier.
D'après Fitch, le Portugal a besoin d'une "aide extérieure pour soutenir la crédibilité de la consolidation budgétaire et les efforts de réformes économiques".
L'agence, qui avait déjà abaissé à "A-" la note du Portugal le 24 mars dernier à l'instar d'autres agences de notation, maintient sa "perspective négative, indiquant par là qu'elle pourrait encore abaisser cette note souveraine dans un proche avenir.
Le rejet par le Parlement portugais de nouvelles mesures d'austérité, et la démission qui s'en est suivie du Premier ministre socialiste José Socrates, minoritaire au parlement, ont ouvert une crise politique qui a débouché sur la dissolution du parlement, annoncée jeudi, et la convocation d'élections législatives anticipées le 5 juin prochain.
Par ailleurs, Fitch observe que le rejet des mesures d'austérité, la révision en hausse du déficit public en 2010 à 8,6% - au lieu de l'objectif de 7,3% - et une dette à 92,4% du PIB notamment, impliquent que la "consolidation budgétaire ne devrait pas commencer avant le troisième trimestre 2011" remettant en cause l'objectif du déficit à 4,6% pour cette année.
Dans ce contexte, les taux d'intérêt que l'Etat portugais doit payer pour emprunter sur les marchés de la dette se sont envolés pour atteindre des taux historiquement élevés.
Cette situation critique a amené le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos, qui avait écarté jusque là un éventuel recours à un plan de sauvetage financier, à déclarer jeudi soir qu'il n'était "plus aussi confiant" sur cette issue, précisant que ce gouvernement démissionnaire n'avait pas la légitimité pour en négocier les modalités.
De son côté, Pedro Passos Coelho, président du Parti social-démocrate (centre-droit) et futur premier ministre pressenti, s'est dit prêt vendredi à soutenir le gouvernement si le pays devait recourir à un "emprunt spécial" pour garantir sa solvabilité.
Malgré les tensions, le Portugal a réussi vendredi à lever 1,645 milliard d'euros de dette à un an, à un taux de 5,793%, en deçà des prévisions des analystes, lors d'une "émission extraordinaire".