La France comme les Etats-Unis ont demandé lors d'une réunion du G20 jeudi à Nankin (est) des taux de change plus flexibles et plus de coordination contre la volatilité des marchés, tandis que la Chine, accusée de sous-évaluer le yuan, affichait sa volonté de coopération.
Le président français Nicolas Sarkozy a profité de ce "séminaire de haut niveau" pour esquisser la réforme du système monétaire international qu'il veut voir engager, qui implique notamment un rôle et des moyens d'intervention accrus pour le Fonds monétaire international (FMI).
Dans ce cadre, il a prôné un élargissement à la monnaie chinoise des droits de tirage spéciaux (DTS), qui sont des réserves internationales gérées par le FMI actuellement basés sur un panier de quatre monnaies (dollar, euro, livre et yen).
"N'est-il pas temps aujourd'hui de s'accorder sur le calendrier de l'élargissement du panier du DTS à de nouvelles monnaies émergentes, comme le yuan ?", a lancé M. Sarkozy devant les ministres des Finances, gouverneurs de banques centrales ou professeurs d'économie réunis dans l'ex-capitale impériale chinoise.
La proposition française de donner plus de moyens au FMI est soutenue par le prix Nobel de l'économie Robert Mundell, présent à Nankin.
Cela "permettrait au FMI d'aider l'Europe et d'autres pays qui connaissent des difficultés financières", a-t-il déclaré.
Le ministre français de l'Economie et des Finances, Christine Lagarde, qui présidait les débats, s'est réjoui du "vrai succès" du séminaire.
"Nous avons tous conclu à la nécessité de réformer le système monétaire international (...) pour être plus résistants dans un monde soumis à des chocs", a-t-elle déclaré.
"Nous pensons que nous pouvons déjà commencer les travaux portant sur l'élargissement du panier de devises (des DTS), notamment le yuan", a-t-elle ajouté en précisant qu'il n'y avait pas eu de discussion sur un calendrier pour y parvenir.
Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a souligné que le yuan devrait auparavant devenir "pleinement convertible".
De son côté, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a insisté sur la nécessité de "politiques flexibles de taux de change (...) afin de mieux absorber les chocs en permettant aux politiques monétaires de s'adapter aux situations de chaque pays", selon le texte d'un discours transmis à la presse.
L'allusion à la Chine, qui souffre d'une pression inflationniste liée à une accumulation énorme de réserves de change, est transparente.
"Il est clair que nous devons évoluer vers un système de change plus flexible qui permette de résister aux chocs", a aussi dit M. Sarkozy.
Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a exposé lors d'un déjeuner la réforme qu'il envisage pour le FMI, afin de rendre le système monétaire international moins vulnérable aux mouvements brusques de capitaux.
Ce système "n'est pas brisé, mais il y a de graves lacunes", selon M. Strauss-Kahn qui voudrait notamment permettre au FMI de lever des fonds en émettant des obligations libellées en DTS.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble lui a répondu qu'il n'était "pas favorable à l'idée de créer des liquidités supplémentaires", les difficultés monétaires que traversent certains pays étant selon lui dues à une mauvaise allocation des ressources financières, non à un manque de liquidités au niveau mondial.
Le vice-Premier ministre chinois, Wang Qishan, a souligné pour sa part que son pays, accusé de déséquilibrer les échanges mondiaux en sous-évaluant sa monnaie, allait "travailler avec le reste de la communauté internationale pour assurer que l'ordre économique international évolue vers plus de justice, d'équité, vers un système gagnant-gagnant".