Le déficit public de la France a été bien moins élevé que prévu en 2010 et entame même, à 7% du produit intérieur brut (PIB), un reflux par rapport au record atteint avec la crise, une bonne nouvelle pour respecter l'engagement pris pour cette année même si le vrai test sera 2012.
La dette publique a de son côté établi un nouveau record fin 2010. Mais à 81,7% du PIB, elle est aussi inférieure aux prévisions du gouvernement (82,9%).
En 2009, le déficit avait explosé avec la crise, à 7,5%. Le gouvernement s'attendait à ce qu'il se creuse encore en 2010, même s'il avait déjà révisé à la baisse en septembre sa prévision à 7,7%, au lieu de 8,5% initialement.
A 7%, il ressort largement en-deçà des pronostics.
"Cet écart reflète essentiellement une reprise plus dynamique de l'économie et de l'emploi et un coût de la réforme de la taxe professionnelle en 2010 moins élevé que prévu", ont expliqué les ministres de l'Economie et du Budget Christine Lagarde et François Baroin.
"Les collectivités locales ont touché davantage de droits de mutation, grâce à la bonne tenue du marché immobilier, et ont moins investi que prévu", a-t-on précisé à l'AFP dans l'entourage de Mme Lagarde.
En 2010, les dépenses ont décéléré, notamment grâce à la fin des mesures du plan de relance, a expliqué l'Insee. Les recettes ont, elles, repris des couleurs sans retrouver leur niveau de 2008.
La réduction du déficit "conforte la stratégie économique du gouvernement fondée sur des réformes favorables à la croissance et une maîtrise stricte et durable de la dépense publique, tout en refusant des hausses générales d'impôts qui seraient préjudiciables à la croissance et à la compétitivité", a réagi l'Elysée.
Elle va aussi faciliter la tâche du gouvernement: l'objectif de ramener le déficit à 6% du PIB en 2011 semble atteignable, même si la croissance s'avérait plus molle qu'escompté. "Nous pouvons même dire dès à présent que nous serons un peu en dessous de 6%", s'est avancé jeudi François Baroin.
Pour autant, le vrai enjeu sera 2012, soulignent les économistes. Le gouvernement s'est engagé à ramener le déficit public à 4,6% l'an prochain et 3%, le plafond autorisé par les traités européens, en 2013. Par comparaison, l'Allemagne prévoit d'atteindre 2,5% dès cette année, après 3,3% en 2010.
La France est "résolument déterminée" à ramener son déficit "en deçà de 3%" en 2013, assure désormais le gouvernement. En 2011, une grande part de la réduction du déficit viendra de la non reconduction de certaines dépenses "exceptionnelles".
"La vraie question (...) c'est 2012", estime Michel Martinez, économiste à la Société Générale. Selon lui, "pour réduire massivement un déficit structurel toujours élevé, il va falloir tailler dans le gras des dépenses et augmenter les impôts", ce qui pourrait être "politiquement douloureux" à la veille de l'élection présidentielle.
Pour les économistes d'Exane BNP Paribas, l'objectif pour l'an prochain serait "crédible si on commençait à accroître les efforts dès cette année".
La France, qui présentera ses derniers engagements au Parlement mi-avril avant de les transmettre à Bruxelles, semble déterminée à les respecter, ce qui devrait se traduire par de nouvelles mesures d'austérité.
D'autant que le gouvernement vient de présenter un projet de révision de la Constitution qui introduit le principe d'un retour à l'équilibre des finances publiques. Les Européens se sont par ailleurs entendus pour durcir la discipline budgétaire en prévoyant des sanctions financières quasi automatiques en cas de dérapage.