(AOF / Funds) - "De nombreux intervenants annoncent la fin imminente de la longue phase haussière du marché obligataire et l'amorce d'une hausse des taux d'intérêt sans précédent. Même si les récents événements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et la flambée consécutive des cours du pétrole ont mis les risques géopolitiques au premier plan, le consensus continue de tabler sur une hausse sensible des taux d'intérêt de la zone euro cette année", note Andrew Craig, spécialiste de l'investissement sur le marché des taux chez BNPP IP.
"La réunion du 3 mars du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) fut une bonne opportunité de revoir NOS prévisions des taux d'intérêt de la zone euro en 2011."
"Les échéances courtes ont déjà corrigé suite au durcissement de ton des membres de la BCE au cours des dernières semaines. Avant la réunion, les cours intégraient déjà une hausse des taux par la BCE en juin ainsi qu'une forte probabilité d'une action en mai. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a évoqué la nécessité de faire preuve d'une grande vigilance, ce que le marché a interprété comme le signe que la BCE relèvera ses taux directeurs lors de sa réunion d'avril."
"Bien qu'il n'y ait aucun doute que la banque centrale puisse vouloir initier une stratégie de normalisation progressive des marchés monétaires, ce ne sera pas possible tant que l'on n'en saura pas davantage sur le rôle futur du Fonds européen de stabilité financière EFSF1, ce qui devrait en principe être obtenu lors des réunions de l'Union européenne des 11 et 27 mars."
"La question cruciale porte donc sur la manière dont la BCE procédera ensuite. Si le taux de refinancement est porté à 1,25% en avril, le consensus table sur une nouvelle augmentation de 25 pb en juillet au plus tard. Une hausses en juin est également possible : tout dépendra des statistiques économiques et de la perception par la BCE des risques inflationnistes."
"La BCE n'a émis aucun commentaire ni donné aucune indication permettant de supposer que le processus de normalisation ne sera pas progressif. Au contraire, Jean-Claude Trichet s'est efforcé de convaincre le marché qu'une hausse des taux ne serait pas nécessairement indicative d'une série de hausses. S'agissant de l'inflation, la BCE voit clairement apparaître des tensions qui mèneront à une montée de l'inflation de la zone euro au cours des prochains mois. Ce qui explique le durcissement de ton de la BCE, provoquant ainsi un raidissement de la courbe des taux.
"Nous n'avons pas la même analyse de ces tensions inflationnistes : il existe selon nous une dichotomie entre les pays du coeur de la zone euro et les pays périphériques. Dans ces derniers, nous continuons de penser que la désinflation, voire la déflation, est davantage préoccupante. Les marchés obligataires ont déjà sensiblement corrigé depuis les plus bas en terme de rendement de l'été dernier."
"Les investisseurs, qui ne sont rassurés ni par les analyses de la BCE ni par nos prévisions d'un ENVIRONNEMENT stable au cours des prochains mois, peuvent envisager des stratégies obligataires alternatives. Celles-ci pourraient attirer les investisseurs sensibles aux prévisions les plus pessimistes, telles celles des professeurs de la London Business School (LBS) qui, dans la dernière édition du Global Investment Returns Yearbook, estiment que les obligations sont depuis longtemps surévaluées. Ils remarquent que, sur la période de quarante ans jusqu'à fin 2008, les obligations d'Etat ont surperformé les actions, évolution qui va à l'encontre de la théorie financière."
"L'indice obligataire mondial a ainsi enregistré une performance réelle annualisée de 4,89% entre 1969 et 2008, alors que dans le même temps la performance réelle annualisée des actions ressort à 4,02%. Cette performance contraste avec la performance historique réelle des obligations d'Etat sur une longue période, puisque depuis 1900 celle-ci est de seulement 1,10% par an. Les professeurs de la LBS concluent en avertissant du danger d'extrapoler en basant les prévisions sur les performances exceptionnellement élevées des obligations au cours des quarante dernières années."
"Toutefois, nous ne pensons pas que le glas sonnera bientôt pour les obligations. En effet, pour que scénario de taux bas que nous prévoyons soit sérieusement remis en cause, il faudrait que les facteurs sur lesquels sont basées les politiques monétaires et budgétaires de la zone euro connaissent des changements structurels."